Pedro Arrupe (1907-1991). Supérieur général des jésuites, témoin et prophète, trad. F. Vanoirbeek

Martin Maier
Biographies - reviewer : Bernard Joassart s.j.

Les deux qualificatifs du sous-titre définissent très bien la personnalité et l'action de P. Arrupe. Ce familier - au sens fort du terme - de Dieu, fut, en particulier durant son généralat des jésuites, un observateur attentif et avisé de la vie du monde et sut parler à ce monde, au nom de la foi chrétienne, avec une grande finesse : peu de généraux de la Compagnie eurent sans doute autant d'audience. Et pourtant les questions brûlantes étaient nombreuses, spécialement après Vatican ii : violence sous toutes ses formes, athéisme, pauvreté et justice sociale, théologie de la libération, « inculturation » (un néologisme qu'on lui doit) de la foi, écologie, etc. Sa grande épreuve fut sans conteste les difficiles relations entre lui (et dès lors tout son Ordre) avec les papes : d'abord avec Paul vi, pourtant si favorable aux jésuites, ensuite avec Jean-Paul ii qui, plus que rétif à toute possibilité de démission de P.A., en arriva presque à le destituer, puis, face à la maladie totalement invalidante qui frappa le successeur d'Ignace, lui substitua un délégué personnel, lequel, avec une rare habileté, parvint à faire accepter sa démission et à mener à bien le processus de l'élection d'un nouveau général. Sans doute faudra-t-il encore quelques décennies pour mieux comprendre cet épisode aux multiples rebondissements, souvent malheureux. Pour ce faire, on devrait se poser la question de savoir si P.A. - et peut-être beaucoup de ses confrères - avait bien perçu toute la portée du discours de Paul vi du 16 nov. 1966 à la fin de la 31e Congrégation générale : le Pontife avait renouvelé toute sa confiance à la Compagnie tout en lui posant des questions de poids qui ne purent que resurgir et s'amplifier lors de la Congrégation suivante (1974-1975), laquelle se pencha tout à la fois sur l'épineuse problématique du lien entre foi et justice et sur celle, non moins délicate, des degrés dans la Compagnie et subséquemment de son caractère sacerdotal. Autre question : P.A. fut-il assez « romain », avec tout ce que cela sous-entend ? Quoi qu'il en soit, l'A. de ces quelques lignes peut conclure en disant que rencontrer le p. Arrupe était rencontrer un homme au coeur largement ouvert, qui avait le don de stimuler ses frères, mieux, de les enthousiasmer dans leur vocation. - B. Joassart s.j.

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