« Confiance, c'est moi ! » Fiabilité et non-fiabilité des narrateurs bibliques. Actes du symposium RRENAB, Lyon, 14-16 juin 2013

Jacques Descreux
Écriture Sainte - Recenseur : Didier Luciani

De ce petit cahier reprenant les quatre conférences plénières d'un symposium du RRENAB (Réseau de recherche en narratologie et Bible), on retiendra avant tout l'apport théorique de la seule non-bibliste du groupe. En 40 p., Monika Fludernik, prof. de littérature à l'Univ. Albert Ludwig de Fribourg-en-Brisgau, explique, en effet, d'où vient le concept littéraire de narration non-fiable et quels sont les débats qui l'entourent. Cette mise au point nécessaire permet de mesurer l'intérêt, mais aussi les limites d'une application de catégories narratologiques modernes à des textes anciens. Pour toute la littérature ancienne (jusqu'à l'émergence du roman réaliste au xixe s.), et pour la Bible plus particulièrement, la convention d'un narrateur fiable (et, en outre, omniscient) fait, en effet, partie des présupposés de lecture. D'où les prudents déplacements perceptibles dans les deux autres contributions, dédiées à la Bible et dans lesquelles il s'agit davantage de montrer comment cette fiabilité du narrateur se construit et se légitime : chez le prophète Amos pour Corinne Lanoir (Inst. protestant de théol., Paris) et dans les évangiles de Luc et de Jean pour Guy Bonneau (Univ. Laval, Québec). Comme l'explique Jacques Descreux (Inst. cath., Lyon), éditeur responsable de l'ouvrage, « si les récits bibliques ne laissent planer aucun doute sur la fiabilité (…) de leur narrateur, ils peuvent mettre en oeuvre des stratégies destinées à justifier les visions du monde, les systèmes de valeur qu'ils portent et qui peuvent contredire ceux de leurs destinataires. La perspective est ici rhétorique, elle s'adresse à l'art de la persuasion » (p. 7). Une dernière conférence de Michel Berder (Inst. cath., Paris) propose une intéressante relecture de l'oeuvre de Gerd Theissen, L'ombre du Galiléen (1988 pour l'éd. française) qui pose, en définitive, la question de la possibilité et des risques d'écrire l'histoire sous la forme d'un récit homodiégétique (avec un narrateur impliqué dans le récit). L'ensemble de l'ouvrage illustre bien le fait que la rencontre des méthodes et la confrontation des théories - nonobstant toutes les précautions requises - s'avère toujours stimulante. - D. Luciani

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