Le livre se présente, d'après le sous-titre, comme une série de
« leçons d'esthétique théologique ». Il s'agit moins d'un examen
théologique des relations entre religion et art - relations
qui ont fait l'objet de plusieurs études antérieuresde l'A.,
lui-même prêtre et musicien, aussi bien que de théologiens comme
K. Barth, H. Küng et P. Piret - que d'une étude
de la perception du sens, dans la lignée de l'oeuvre monumentale de
H. U. von
Balthasar, Herrlichkeit (1961-1969, trad.
fr. La gloire et la croix, 1965-1983). Une telle
étude appartient à la théologie fondamentale, que l'A., membre de
la Commission théologique internationale, enseigne à Milan. La
philosophie et la théologie traditionnelles sont trop souvent
fixées sur la pensée de l'être. De la sorte, elles ne réussissent
pas à valoriser pleinement le bien et le beau. Irréductibles à
l'ontique et au factuel, ils possèdent, avec leur potentiel
créateur, une importance ontologique et théologique éminente et
primordiale. La sensibilité à la racine de la perception du sens
n'existe que dans l'être essentiellement relationnel dont le Dieu
trine est la source et le modèle. Les relations qui Le constituent,
telle la naissance du Fils du Père, ne sont pas à comprendre selon
la logique du fondement, mais se constituent dans l'unité du libre
don de soi et de l'accueil reconnaissant de soi. À l'avis de l'A.,
la pensée du factuel et du fondement doit faire place à une pensée
du sensible et de l'inattendu, pensée véritablement chrétienne
qui fait pleinement droit à la réalité telle qu'elle se présente à
l'expérience dans tous ses aspects, sans que l'on tombe dans cette
« esthétisation » du réel qui le fausse et qui ne sert qu'à la
commercialisation et la banalisation de l'expérience et de la vie.
- R. Jahae o.m.i.