Cet agrégé de philosophie ose présenter la mort comme une chance ; mais nos sociétés, constate-t-il, refusent aujourd'hui de la saisir. Or si l'être humain ne mourait pas, il aurait toute la vie devant lui pour échapper à lui-même et à autrui. Car c'est la perspective de la mort qui révèle l'humanité à elle-même (« seul l'homme meurt, la bête périt ») ; elle ouvre la voie du langage, de la génération par la sexualité, de la société politique… Mais cette condition mortelle est aujourd'hui éclipsée par nos contemporains qui préfèrent devenir immortels par des moyens autres que spirituels. Puisque, à notre époque, « Dieu est mort », l'homme ne dispose plus des ressources symboliques nécessaires pour déchiffrer sa mort : confronté à la détresse et au tragique, il préfère se réfugier dans la consommation. L'A. revient plus d'une fois sur les signes actuels de cette dérive déshumanisante, tels que la tentative transhumaniste de faire mourir la mort grâce aux ressources de la biotechnologie, l'euthanasie qui ne tolère rien d'autre que la vie supposée digne d'être vécue, le regain de faveur pour la crémation qui supprime la mémoire de l'encombrant cadavre réduit en cendres, les médias qui rendent la mort irréelle à force de la montrer sur tous les écrans, la thanatopraxie qui ne vise plus le sort futur du défunt mais la tranquillisation de son entourage, l'euphémisation du langage sur la mort (« il est parti »), etc. À mi-chemin entre la réflexion philosophique et le constat sociologique, l'ouvrage plaide pour la persistance d'une approche spirituelle qui entre dans l'acceptation réaliste de la condition mortelle. Car seul ce retour à l'intériorité permet de tirer profit de la crainte de la mort. Pour tous. - X. Dijon s.j.

newsletter


la revue


La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgique
Tél. +32 (0)2 739 34 80