Cet agrégé de philosophie ose présenter la mort comme une
chance ; mais nos sociétés, constate-t-il, refusent
aujourd'hui de la saisir. Or si l'être humain ne mourait pas, il
aurait toute la vie devant lui pour échapper à lui-même et à
autrui. Car c'est la perspective de la mort qui révèle l'humanité à
elle-même (« seul l'homme meurt, la bête périt ») ;
elle ouvre la voie du langage, de la génération par la sexualité,
de la société politique… Mais cette condition mortelle est
aujourd'hui éclipsée par nos contemporains qui préfèrent devenir
immortels par des moyens autres que spirituels. Puisque, à notre
époque, « Dieu est mort », l'homme ne dispose plus des
ressources symboliques nécessaires pour déchiffrer sa mort :
confronté à la détresse et au tragique, il préfère se réfugier dans
la consommation. L'A. revient plus d'une fois sur les signes
actuels de cette dérive déshumanisante, tels que la tentative
transhumaniste de faire mourir la mort grâce aux ressources de la
biotechnologie, l'euthanasie qui ne tolère rien d'autre que la vie
supposée digne d'être vécue, le regain de faveur pour la crémation
qui supprime la mémoire de l'encombrant cadavre réduit en cendres,
les médias qui rendent la mort irréelle à force de la montrer sur
tous les écrans, la thanatopraxie qui ne vise plus le sort futur du
défunt mais la tranquillisation de son entourage, l'euphémisation
du langage sur la mort (« il est parti »), etc. À
mi-chemin entre la réflexion philosophique et le constat
sociologique, l'ouvrage plaide pour la persistance d'une approche
spirituelle qui entre dans l'acceptation réaliste de la condition
mortelle. Car seul ce retour à l'intériorité permet de tirer profit
de la crainte de la mort. Pour tous. - X. Dijon s.j.