Lectures de la Bible : Ier-XVe siècle
(dir.) Laurence MellerinÉcriture Sainte - Recenseur : Didier Luciani
C'est à une entreprise considérable et essentielle que, dans cet ouvrage magnifique, se livrent Laurence Mellerin et ses collaborateurs : montrer que la Bible, à la fois « Parole » et « Écritures » n'a jamais cessé - malgré le statut canonique qu'elle a acquis (lui-même varié, selon les confessions) et l'autorité qui en découle - d'être un corpus mouvant, soumis dès l'origine (si tant est qu'on puisse d'ailleurs la saisir) aux innombrables réécritures, traductions et relectures de tous genres. Comme le dit la préface, si chaque époque tente bien de réguler l'inventivité des lecteurs, « la seule véritable menace au principe de la pluralité des interprétations semble être le repli identitaire » (p. 11). Pour en rendre compte et faire droit à ce phénomène d'une « interprétation infinie », le propos se divise en quatre parties, de longueurs inégales : 1) « La Bible et les Bibles » (p. 15-127 ; histoire de la formation du canon, de la transmission des textes et des différentes traductions) ; 2) « Les débuts judéo-chrétiens de l'exégèse » (p. 129-179 ; l'exégèse intra-biblique et la réception des Écritures dans le christianisme et dans le judaïsme rabbinique) ; 3) « L'exégèse patristique » (p. 181-345 ; depuis Philon d'Alexandrie jusqu'aux exégètes quasiment inconnus de langue arabe en passant par Origène, Tertullien, Jérôme, et bien d'autres) ; 4) « L'exégèse médiévale » (p. 347-556 ; aussi bien juive que chrétienne, byzantine que carolingienne, avec même un chap. sur les lectures de la Bible en Islam). Avec des index nombreux (termes, lieux, auteurs anciens, personnages historiques, personnages bibliques et mythologiques, références bibliques, auteurs modernes) et richement dotés, des illustrations, des tableaux, des cartes, des chronologies, des bibliographies, etc., on comprendra que l'ensemble constitue une mine de renseignements et d'érudition qu'il sera difficile d'épuiser. Plusieurs erreurs, notamment dans la présentation inversée des textes hébreux (voir, p. ex., p. 24-25, ou encore p. 68-69) prouvent aussi qu'en dépit des multiples compétences requises, une telle entreprise reste une tâche délicate à mener. - D. Luciani