Le 3 avril 2014, le pape François canonise Marie de l'Incarnation,
la « mère de l'Église en Canada », selon le rite peu
commun des « canonisations équipolentes » qui permet de
ne pas attendre qu'un miracle ait été formellement reconnu. En
effet, toute sa vie est comme un « miracle », ainsi que
le montre l'A. de cet ouvrage, théologienne résidant au Québec et
grande spécialiste de la sainte. Dès sa tendre jeunesse, Marie
reçoit la visite de Dieu ; cette grâce se renouvelle
lorsqu'elle est jeune veuve de Claude Martin auquel elle a donné un
fils (vision du sang : seconde conversion). S'ensuivent trois
visions trinitaires, la 3e lorsqu'elle est ursuline
à Tours, et enfin un songe lui prophétisant sa mission au Canada.
En 1639, elle part en bonne compagnie pour la Nouvelle-France
et y devient une fondatrice ardente, passionnée et efficace. Tous
ces événements sont éloquents, mais pour rencontrer cette grande
sainte, « il faut oser la « brise légère » pour
recueillir le souffle, le respir -
balbutie-t-elle à la fin de sa vie - qui anime ses paroles et sa
vie tout entière » (p. 33). En reprenant fidèlement ses écrits
au fil de sa vie, l'A. nous aide à percevoir combien l'union à Dieu
est le seul bonheur et la véritable fécondité de nos vies. Les
paroles de Marie à son fils éclairent encore davantage notre
chemin : « C'est un plus grand avantage pour votre bien
que le tout se soit passé en esprit de foi, que si vous aviez eu
des visions ou quelque chose d'extraordinaire de sensible, qui sont
bien souvent sujettes à l'illusion. Il y en a pourtant de
véritables qui viennent de Dieu, mais ce qui se fait en l'âme par
l'opération de la foi est plus sûr et d'un plus grand mérite ;
et cela conserve mieux l'esprit d'humilité » (p.
279, Corr., lettre ccxxii, 1666, p. 764). - V.
Fabre