Theologie Interreligiöser Beziehungen. Religionstheologische Denkwege, kulturwissenschaftliche Anfragen und ein methodischer Neuansatz

Henning Wrogemann
Théologie - Recenseur : Markus Kneer
L'A., qui enseigne la missiologie et les sciences religieuses à la Kirchliche Hochschule Wuppertal/Bethel (Fac. protestante de théologie) en Allemagne, offre dans cet ouvrage un tour d'horizon des approches significatives dans le domaine de la théologie des religions (TR). En même temps il donne une analyse critique de ces approches pour présenter une perspective à sa propre proposition : une théorie des relations interreligieuses.
Pour aborder les grands courants des TR contemporaines, Henning Wrogemann commence par un constat : la plupart d'entre elles sont développées par des hommes occidentaux et blancs (sauf quelques religieux catholiques) vivant en Europe et Amérique du Nord où l'homogénéité chrétienne a été assez forte jusqu'à la 2e moitié du dernier siècle (p. 36-37). Le choc culturel résultant de la découverte d'autres traditions religieuses a été décisif pour leur réflexion sur le sujet. L'A. leur reproche d'avoir établi des TR sans prendre en compte la vie réelle des sociétés interculturelles et interreligieuses (comme p. ex. la situation en Égypte, en Inde, en Indonésie). Par la suite il développe six questions qui lui semblent centrales pour toute réflexion sur la TR (p. 38) : y a-t-il épistémologiquement un fondement transreligieux commun pour comparer les religions ? Comment, herméneutiquement parlant, générer à partir de sa propre tradition des catégories neutres pour une comparaison juste avec les autres ? Peut-on formuler, d'un point de vue sotériologique, une TR où les croyants des autres religions ne sont pas exclus du salut ? Quelle signification a le destin des autres, dans une perspective théologique, pour ma conception de Dieu ? Du point de vue éthique, peut-on apprécier les croyants des autres religions ? Peut-on agir ensemble ? Et enfin, dans une perspective politico-sociétale, peut-on tenir l'effectivité totale de sa propre tradition tout en gardant la liberté religieuse des autres ?
À partir de ces questions, l'A. analyse plusieurs approches chrétiennes récentes de la TR : des approches révisionnistes (Hick, Knitter), des approches interprétatives (von Brück, Heim), la « comparative theology » (Clooney), la théologie de l'hospitalité (Yong). En outre, sont présentées quelques perspectives sur les évolutions en Islam (Esack : herméneutique coranique et libération ; Shahrur : herméneutique coranique et tolérance) et en bouddhisme (les herméneutiques de Dharmapāla, de Bhikku, d'Abé, de Hanh, de Makransky). Après une courte description de chaque approche, l'A. formule sa critique à partir des six questions susmentionnées : la « comparative theology », p. ex., a tendance à assimiler les herméneutiques différentes (l'herméneutique, p. 134) et à exclure dans sa démarche les résultats de la science de la religion (le transreligieux).
L'A. propose une nouvelle méthode qui est liée à ses sujets d'enseignement : Il met en valeur les deux piliers d'une TR : le dialogue (chap. 4) et l'annonce de l'Évangile (chap. 5). Pour avoir une idée de sa théorie des relations interreligieuses, on trouve dans le chap. 5 un sommaire sous la forme de plusieurs thèses : une herméneutique des différences contre l'inclusivisme, la force vitale des religions et la situation concurrente où elles se retrouvent et qu'on ne peut pas éclipser (mais dont on peut peut-être utiliser les potentialités) contre le quiétisme ; l'interprétation des textes durs contre le sélectionnisme ; des discours et des identités complexes contre les essentialismes ; des motifs, des acteurs et des espaces contre l'évasion du contexte ; la « multiperspectivité » au lieu d'une perspective centrale de la TR traditionnelle (pour prendre théologiquement au sérieux les conflits réels). Après ces six points l'A. ouvre une relecture des textes bibliques pour approfondir son approche.
Grâce à l'ampleur de cette enquête sur les TR actuelles (à partir d'une vraie alternative), Wrogemann invite au débat. L'essor de la « comparative theology » dans les dernières années même en Europe laisse fleurir l'espoir qu'il y ait une réponse de ses porte-paroles. On aurait bien voulu que l'A. cherchât à s'expliquer avec ses collègues en Europe (p. ex. Bernhardt et von Stosch). Mais ce n'est que partie remise. - M. Kneer

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