Tradurre e sopravvivere. La Bibbia greca della diaspora giudaica

Tessa Rajak
Écriture Sainte - Recenseur : Sébastien Dehorter
L'ouvrage est la trad. italienne d'un livre paru en 2009 chez Oxford Univ. Press. Son A. est une historienne, spécialiste du judaïsme de l'époque grecque et romaine, émérite de l'université de Reading. Invitée à donner en 1995-1996 les Grinfield Lectures sur le thème « La Septante comme création sociale et culturelle », elle approfondit sa recherche pour aboutir au présent vol. La Bible grecque (l'appellation « LXX » est une création chrétienne), énonce-t-elle dès son introd., est « la première grande trad. de la culture occidentale… Sans elle, l'histoire de l'Europe aurait été complètement différente - il n'y aurait eu aucune diaspora juive occidentale et aucun christianisme » (p. 17). La thèse développée tout au long du livre est que cette trad. est une expression de la résistance culturelle de la diaspora juive, « une manière de résorber deux tensions puissantes, la poussée de l'acculturation et l'angoisse de la disparition culturelle » (p. 121). L'approche originale fait se rencontrer deux champs de recherche florissants mais trop souvent séparés, les études sur le judaïsme hellénistique et sur la Bible grecque. Il s'agit donc d'une étude socio-culturelle et non pas purement exégétique sur la LXX, afin d'en retrouver la signification originelle, le rôle joué dans la vie de la société et des individus et, par suite, d'en manifester l'importance. Le parcours en 9 chap. se déroule en 3 temps. Tout d'abord, l'A. se concentre sur l'origine de cette trad. en relisant la Lettre d'Aristéedans le contexte de l'Alexandrie des Ptolémées. Elle conclut que ce document n'est pas une pure légende mais un « récit mythique » à interpréter, où se mêlent mémoire et fiction. Ensuite vient une analyse de la langue de la LXX souvent considérée comme maladroite et en apparente contradiction avec les prétentions culturelles d'Alexandrie à laquelle les juifs semblaient être partie prenante. Par le choix d'une langue où il est possible d'entendre l'hébreu, les traducteurs ont nettement décidé de ne pas faire de la LXX une oeuvre conformiste mais d'y exprimer plutôt le paradoxe des diverses communautés de la diaspora à cheval sur deux mondes et critiques à l'égard des pouvoirs païens en place. Quant aux derniers chap., ils s'intéressent au devenir de la LXX, à la manière dont elle a influencé non seulement les juifs de la diaspora mais aussi, éventuellement, la culture gréco-romaine. Le chap. final conclut cet ample parcours de près de 500 ans en se penchant sur le milieu du II e s. qui, pour les juifs du bassin méditerranéen, fut une période de contraste, de contradiction et de désastre. Elle révise la théorie selon laquelle les juifs auraient « abandonné » la LXX au profit d'autres traductions grecques parce que celle-ci était devenue la « propriété » des chrétiens. En bref, se pencher sur la LXX, c'est s'intéresser à ses auteurs et à ses premiers usagers, à toute la diaspora occidentale. La Bible grecque en ressort valorisée pour elle-même, et non pas uniquement en tant que « viaduc » entre l'AT et le NT. - S. Dehorter

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