Deux ans après la publication de son cours d'anthropologie
théologique, Giovanni Ancona publie ce petit essai sur l'homme.
Dans la 1re partie sur le phénomène humain
(p. 9-40), il met en évidence ses caractéristiques
fondamentales comme le langage, la pensée et l'amour, mais aussi le
travail, l'inévitable souffrance, la religiosité et l'espérance (en
un sens pas explicitement théologal), alors que la chair ou la
réalité incarnée n'est pas directement considérée. La
2e partie sur l'homme dans les savoirs
(p. 41-64) commence avec une proposition d'anthropologie
philosophique (l'ouverture de l'homme au monde selon Arnold Gehlen)
et se conclut avec une reprise de l'anthropologie théologique
(l'ouverture transcendantale de l'homme à Dieu selon Karl Rahner).
Au centre se trouve une allusion à deux perspectives assez
différentes, la première fonctionnaliste (la technique en tant
qu'essence de l'homme selon Umberto Galimberti) et l'autre
neurologique (l'homme identifié à son cerveau selon Dick Swaab).
Même si l'A. désire un « dialogue entre les différentes formes de
savoirs » (p. 43), on perçoit plus une juxtaposition qu'une
articulation. La 3epartie, « L'homme et la réussite de
la vie » (p. 65-82), est dédiée au bonheur humain dans le
cadre de trois paradigmes : le néopaganisme chez Salvatore Natoli,
l'athéisme libéral et libertin chez Paolo Flores d'Arcais, pour
conclure avec une proposition chrétienne à partir de la foi en
Jésus-Christ. Ici de même, peut-être à cause du manque de place, il
n'y a pas d'articulation entre les différentes approches, entre
réussite hic et nunc et accomplissement
eschatologique. Ceci dit, il est précieux et bienfaisant de lire un
théologien qui est convaincu de ne pas pouvoir tout dire sur
l'homme. On peut tout de même se demander si, outre l'exposition de
différents points de vue thématisant différentes dimensions
humaines, il ne faudrait pas proposer une réflexion sur l'apport
spécifique de la théologie à ces savoirs et peut-être même oser
parler d'une « prétention » théologique de thématiser les questions
fondamentales de l'origine, du sens et de la destinée pas
seulement intramondains de la vie humaine. -
C. Betschart o.c.d.