«Moi, je ne juge personne». L'Évangile au-delà de la morale
Lytta BassetMorality and law - reviewer : Col.
Avec beaucoup de finesse psychologique et de solides fondements théologiques, l'A. décrit les mécanismes à l'oeuvre dans la psyché humaine lorsque surgit le besoin de juger l'autre négativement. Elle s'appuie essentiellement sur le récit de la femme adultère (Jn 8,1-12), ensuite sur sept autres passages de l'évangile de Jean. Sa thèse pourrait se résumer ainsi: juger l'autre définitivement est certainement néfaste pour celui qui est jugé, mais aussi et d'abord pour celui-là même qui juge car il s'éloigne de la miséricorde du Père de tendresse pour lui-même. Il y va de mon «propre intérêt» quand je parviens à convertir cette attitude négative.
«Ne faut-il pas reconnaître en la réalité une richesse de sens qui excède toujours les capacités de la pensée?» (p. 7). Au moyen de cette interrogation, L.B. nous propose de ne pas nous laisser «fasciner» par ce qu'il y a de critiquable et négatif chez le prochain, car il est bien plus que cela. Cet état d'esprit, qui reste toujours un combat, augmente notre créativité relationnelle et notre joie de vivre, car sa source provient de l'Esprit Saint du Père et de Jésus-Christ. «Exerçons-nous à bénir autrui, à lui souhaiter du bien, à dire du bien de lui» (p. 37). Cela joue en faveur de l'autre et surtout en ma faveur. Par cet ouvrage, l'A. nous fait pressentir en filigrane une forte présence du Christ dans sa vie, présence qu'elle accueille avec gratitude, expérience existentielle qui lui a permis d'agir pour vaincre de sérieuses épreuves. - J. Nyskens, O.S.B.