Les deux premiers concepts mentionnés dans le titre de ces actes
d'un colloque tenu à la Fac. de théol. protestante de l'Univ. de
Francfort en 2012 sont très souvent utilisés dans des études de
sciences des religions et aussi de théologie (chaque fois nuancés
selon les théories sous-jacentes). Le troisième terme
« dialogisme » (la version allemande évite le
« -isme ») n'apparaît pas avec la même fréquence, même
s'il semble familier grâce à sa parenté avec
« dialogue ». Mais on peut déjà percevoir ici le grand
mérite de cet ouvrage collectif : dans la distinction entre
dialogisme et dialogue (surtout mise en avant dans les
contributions de Wiese et Matveev), les contours du premier
deviennent plus visibles : développé par Mikhaïl Bakhtine
(dans le monde francophone brillamment introduit par Tzvetan
Todorov) à partir de ses analyses des romans de Dostoïevski, le
concept se distingue par sa capacité à conserver la différence et
la diversité. Le « dialogue » est souvent entendu comme
une pratique pour résoudre des positions contraires en vue d'un
compromis. Ce n'est pas le cas pour le dialogisme : il garde
la « polyphonie » des positions. Et il évite aussi la
symbiose entre « Je » et « Tu » envisagée par
Martin Buber. Par là, il est le concept clé autour duquel les deux
grandes parties du livre se rassemblent. Dans la
1re partie « Théories et concepts » se
détache la contribution sur les approches de la théologie de la
religion à partir d'une herméneutique de la différence de Bernhardt
qui conclut qu'il y a une triple tâche de compréhension :
comprendre l'Autre, me comprendre moi-même et comprendre la
différence entre l'Autre et moi-même. Dans la
2e partie « Exemples d'un cas »,
l'article de Menachem Fisch sur une réponse juive
concernant Nostra aetate est recommandé :
il montre une tout autre approche de la question traitée par le
document catholique d'un point de vue universaliste. -
M. Kneer