L'ouvrage, préfacé par Pierre Manent, livre les enseignements que
l'A, docteur en philosophie, a retirés de sa fréquentation assidue
de l'univers des soins palliatifs. D'où son titre étrange :
Minerve, déesse de la Sagesse philosophique, a remplacé ici son
habituelle chouette par la cigogne, cet animal qui a la réputation
de prendre grand soin de ses congénères les plus faibles.
L'interdit de l'homicide, la dignité humaine, l'autonomie
personnelle, les liens à autrui… Comment rendre compte de ces
concepts employés si souvent dans la culture palliative ? Pour
mener à bien son exploration thématique, l'A. recourt à l'histoire,
exposant, tour à tour, les repères antiques (Platon, Aristote…),
puis chrétiens (Augustin, Thomas…), puis modernes (Machiavel,
Tocqueville…) de chaque concept étudié. Ainsi se dégage, au fil du
temps, un mouvement qui accentue la dissociation entre le sujet qui
va mourir et l'environnement de ses proches. C'est sur ce terrain
philosophique-là que le culte des vertus est remplacé par
l'affirmation des valeurs et que l'objectivité de la loi fait place
à la double subjectivité, de la compassion du côté du personnel
soignant, de la dignité vue comme décence, du côté du patient. La
conclusion en est la pression sociale de plus en plus forte en
faveur de l'euthanasie. Luttant contre cette « aide médicale à
mourir » qui corrompt toute la philosophie des soins
palliatifs, l'A. plaide pour l'allonomie, où l'autonomie
du malade s'enrichit de la relation à autrui. Une curieuse tache
sur cette fort belle toile : les pages consacrées à
la suspension éthique (p. 301-330) semblent
contredire, si prudentes qu'elles soient, le reste de l'ouvrage. -
X. Dijon s.j.