Que le lecteur potentiel de ce livre intègre d'emblée l'idée que
cet ouvrage constitue un « dossier » sur les figures du
« féminin royal » et non pas un commentaire sur le livre
des Rois (principalement 1 R 18-21 et 2 R 9 où
la reine Jézabel intervient). Sinon, il risque fort d'être dérouté
ou même déçu. Résistant à toute tentation de comparatisme religieux
ou de réflexion philosophique, l'A., en effet, entend s'emparer de
détails apparemment anodins du récit biblique (le char, les chiens,
le fumier, la fenêtre, la vigne, la lettre, la reine) pour retracer
le portrait de plusieurs femmes de l'Antiquité grecque et romaine.
Ainsi, pour ne prendre qu'un exemple, le « char »
(chap. 2, p. 15-43 ; cf. 1 R 22,38) est
prétexte à évoquer la Thébaïde de Stace (avec la
mort de Laïos), les Bacchantes d'Euripide,
OEdipe roi de Sophocle, les Dithyrambes de
Pindare et bien d'autres encore avant de conclure ainsi :
« Le char utilisé lors de la vendange qu'on peut imaginer
dégoulinant de jus de raisin (…) devient
au ive siècle ap. J.-C., dans les voûtes
du Mausolée de Constance, fille de Constantin, ou sur le sarcophage
de Junius Bassus, un symbole de la pompa funèbre
et du passage à l'immortalité. Arrachées à la vigne par un acte
nécessaire et violent, les grappes doivent être transportées à la
cave, pour être pressées dans les tonneaux et devenir vin. Le char
de Bacchos, sur lequel Sémélé (…) fut élevée au ciel, constitue
l'arrière-plan de cet ensemble symbolique, puisque le triomphe du
dieu est celui du vin » (p. 43). Le recenseur doit
parfois avouer qu'il est confondu par tant d'érudition. -
D. Luciani