Le quatrième évangile. Recueil d'études, éd. G. Van Belle
Jean-Marie SevrinHoly Scripture - reviewer : Gonzague de Longcamp c.s.j.
On ne peut ouvrir ce livre sans une certaine révérence. D'abord à l'égard de l'A. qui estime que les études qui sont ici présentées sont celles qu'il souhaite ne pas voir oubliées. Ensuite, à l'égard du texte de Jean lui-même. Car la révérence et le respect à l'égard du texte évangélique sont bien deux caractéristiques du travail exégétique de l'A. « Laisser parler le texte à partir de lui-même », constitue comme son leitmotiv.
Les articles ne sont pas ordonnés de manière chronologique, mais thématique. Le premier thème abordé est celui de l'intrigue. J.-M. Sevrin est un des grands narratologues du quatrième évangile. Comment mieux laisser le texte se dire qu'en déployant son intrigue ? Le second thème est celui des figures. Ici, l'A. se plaît à souligner régulièrement l'ambiguïté des personnages de l'évangile de Jean. Tel Nicodème qui, sans être un opposant de Jésus, ne sera jamais définitivement disciple, ou encore Pierre, qualifié de « Roc ébranlé ». L'ambiguïté des personnages n'ouvre-t-elle pas au lecteur la possibilité de se positionner lui-même dans son acte de croire ? Ainsi, le 3e thème abordé de manière plus concise est celui du lecteur. Après avoir abordé le récit évangélique, le lecteur est conduit, dans un 4e temps, à aborder la théologie et la christologie johannique. Dans cette partie, on revient aux figures pour souligner le paradoxe du croire. C'est aussi tout une théologie de l'histoire et de l'action divine que l'on peut déployer de l'étude du Prologue à la question de la temporalité et de l'eschatologie de l'évangile. Enfin, la 5e partie, intitulée « question de méthode », nous rappelle que l'A., avant d'étudier le 4e évangile, s'est intéressé au gnosticisme.
L'ouvrage nous offre donc tout à la fois un parcours de l'évangile et de l'itinéraire intellectuel de J.-M. Sevrin. On aimerait poursuivre avec lui ce dialogue à travers deux questions posées à sa conception des figures : tout d'abord, son insistance sur la fonction des personnages de l'évangile ne risque-t-elle pas de « désincarner » les personnages du récit ? Ensuite, l'apparente ambiguïté ou dualité des personnages et donc, du croire johannique est-elle insoluble ? L'écriture de Jean n'offre-t-elle pas toujours un tiers permettant de dépasser la dualité ? On ne peut que remercier les éditeurs et l'A. lui-même pour ce texte essentiel. - G. de Longcamp c.s.j.