Plus pastoral que doctrinal, le concile Vatican II adopte un
langage inédit, un changement de style qui a peu retenu l'attention
jusqu'ici, sinon peut-être de la part de l'historien John W.
O'Malley, dont l'auteure de cette thèse s'inspire largement.
Envisageant Vatican II comme un événement et une dynamique plutôt
que comme une collection de textes achevés, elle lie l'ambiguïté
souvent déplorée des formulations conciliaires au processus même de
rédaction et à la recherche de consensus. La nouvelle «rhétorique»
du concile se retrouve jusque dans l'usage de certains termes,
notamment celui de «dialogue», examiné ici comme fait de langage
plus que comme contenu théologique. Les écrits de Martin Buber et,
plus proche dans le temps, l'encyclique de Paul VI Ecclesiam suam
(1964) avaient préparé la voie. Un examen attentif montre cependant
que le mot «dialogue», le plus fréquemment utilisé dans cinq
versions des documents conciliaires en langue anglaise, traduit
deux termes latins, colloquium et dialogus, dont la fréquence et la
portée varient en fonction du contexte et des acteurs. Tantôt
conversation entre partenaires sur un pied d'égalité, tantôt
méthode retenue par l'Église pour s'acquitter de sa mission dans le
monde, «dialogue» comporte plus de puissance rhétorique que de
définition précise, ainsi qu'il apparaît dans la «réception» du
concile, du moins dans le monde anglophone. Des études comparables
menées dans d'autres domaines linguistiques devraient permettre de
vérifier ce diagnostic. -Curieusement, l'auteure voit des jésuites
un peu partout: G. Alberigo (34) et H.J. Pottmeyer (9), par
exemple, de même que la rédaction de la revue Concilium (25):
serait-ce qu'on ne prête qu'aux riches? - J. Scheuer sj