Les AA., père et fils, iraniens, proposent ici une mini
encyclopédie du soufisme: ses origines, sa doctrine, sa pratique.
Le soufisme, que les occidentaux ont tendance à qualifier de
panenthéisme, est une manière de vivre destinée à faire parvenir à
l'illumination, à élever l'âme jusqu'à Dieu. Un mouvement mystique
analogue, organisé et structuré autour d'ordres, est concevable
dans le judaïsme (la Kabbale) mais pas dans le christianisme, qui
est mystique par essence. Membre d'un ordre hiérarchisé, le soufi
se distingue de l'aref (v.g. le poète Hafiz), qui vit sa foi de
manière autonome. Parmi les «architectes de l'édifice soufi» nous
distinguons les «sobres» (les Irakiens Mohassibi, Jonaid) et les
«ivres» (les Iraniens Bastami, Hallaj). Hétérodoxe par rapport à
l'islam traditionnel, la doctrine soufi est obligatoirement reçue
de la bouche d'un maître. Elle implique plusieurs pratiques: le
zekr, totale attention à Dieu; le moràqebeh, méditation, jusqu'à la
perte progressive de toute appartenance au monde du «je» et du
«tu»; le mohàsebeh, prise de conscience de chacune de mes actions
et de mes progrès dans les diverses étapes de mon «voyage»
intérieur mystique, concept essentiel du soufisme; les danses
rituelles sama accompagnées de chants et de musique, telles que les
pratique l'ordre des derviches tourneurs, fondé à Konya (Anatolie)
par le poète Mowlana Jalaluddin Rumi (1202-1273). La dernière
partie de l'ouvrage concerne les arts: poésie, musique,
architecture, miniature, calligraphie, tapis persan. En appendice:
un important glossaire et la liste d'une cinquantaine de figures
emblématiques à travers les siècles dans diverses régions:
Afghanistan, Andalousie (Ibn Arabi, 1187-1260), Inde (Ikbal,
1877-1938)… - P.-G.D.