Depuis quelque temps déjà, les éd. Morcelliana, par leur collection Novecento Teologico, entendent présenter de manière accessible à un large public le profil de théologiens - une notion comprise au sens large! - particulièrement significatifs du XXe siècle. Des auteurs aussi divers que Karl Rahner, Bernard Lonergan, Maurice Blondel ou Karl Barth ont ainsi déjà fait l'objet d'un petit volume aussi synthétique que stimulant.
Avec Alfred Loisy, c'est une autre grande figure de la recherche théologique du début du XXe siècle qui est ici mise en évidence. On connaît sa célèbre formule: «le Christ annonçait le Royaume, c'est l'Église qui est venue». On connaît sans doute moins le théologien lui-même, cet homme qui ne fut ni vraiment un prophète ni vraiment un apostat, mais plutôt un explorateur à la recherche passionnée de la vérité, une recherche qui le conduisit à rompre avec l'institution ecclésiale et à s'orienter de plus en plus vers une religion universelle, de l'Humanité et du Transcendant. Un homme qui toucha des questions aussi diverses que l'historicité des Écritures, la divinité du Christ - distinguant le Christ de la foi du Christ de l'histoire, l'Église et les dogmes, l'institution des sacrements, le tout dans une perspective critique, qui l'amena à poser la question du rapport entre l'historien et le croyant, sans vraiment réussir à conjoindre les deux (c'est d'ailleurs une des reproches majeurs que lui adressera Blondel, de vouloir séparer trop nettement le point de vue historique de la réflexion théologique ou métaphysique, avec les conséquences dommageables qui peuvent en résulter tant pour l'ecclésiologie que pour la christologie).
Ce petit ouvrage, dû à la plume d'un professeur d'histoire de la pensée politique de l'université d'Alessandria, dans le Piémont, répond bien au souhait de la collection Novecento teologico de présenter des figures marquantes de la théologie du XXe siècle de manière simple, sans verser pour autant dans le simplisme. Il retrace objectivement le parcours d'un homme écartelé entre son appartenance à l'Église, une appartenance plus sociologique que véritablement croyante, peut-être, et sa recherche scientifique. Il nous livre également un témoignage intéressant sur une période particulièrement agitée de l'histoire de l'Église et du développement des sciences religieuses. L'ouvrage se termine par la traduction italienne d'un cours texte autobiographique de Loisy, De la croyance à la foi. - B. Malvaux sj

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