À l'heure du motu proprio sur la forme extraordinaire du
rite romain, cette étude sur les liturgies gallicane, milanaise et
mozarabe remet au jour les sources de l'euchologie latine. Elles
sont importantes, sans doute connues des spécialistes, mais ceux-ci
sont peu nombreux. Le lecteur découvre alors que la célébration du
mystère du salut dans la vigile pascale est bien la matrice de la
messe dominicale: lectures, offrandes, anaphore, fraction du pain,
communion, congé, mettent en jeu un ordo que l'auteur identifie
selon des schémas spécifiques. Plusieurs thèmes discutés
aujourd'hui sont étudiés. La prière universelle existait bien dans
les liturgies occidentales et c'est, après Constantinople, à Rome
qu'elle a disparu. À l'inverse, le baiser de paix, avant les
offrandes, fut très vite ignoré à Constantinople et il fut déplacé
à Rome «où il vient alourdir davantage encore les rites
préparatoires à la communion», alors que la liturgie gallicane
donnait «à la pax le sens d'une préparation à toute l'offrande
eucharistique et non à la seule communion» (p. 152). Ouvrage
d'érudition, certes, mais lisible par tous et libérateur: la
liturgie ne peut se figer, elle a une histoire, celle des chrétiens
qui apprennent à louer Dieu dans la célébration du mystère pascal.
- A. Massie sj