Un sociologue allemand renommé (qu'il ne faut pas confondre avec
son presque homonyme Hans Jonas), explique le processus par lequel
les droits de l'homme ont pu devenir de nos jours une valeur
universelle. Son approche pragmatique, liant inséparablement genèse
et validité de la valeur, renvoie dos à dos les causalités
unilatérales, tant des Lumières anticléricales que du personnalisme
chrétien. Mobilisant sa vaste culture historique pour décrire la
tension - toujours originale - entre les pratiques, les valeurs et
les institutions, comme aussi entre la morale universelle (de type
kantien) et l'éthique particulière d'une culture déterminée, l'A.
explique comment la sacralité de la personne (formalisée par E.
Durkheim) a pu combattre, p. ex., la torture ou l'esclavage.
L'avènement d'une telle valeur dans l'histoire procède à la fois
d'une évidence subjective et d'une intensité affective, mises en
valeur dans le genre narratif, mais sans tomber dans le relativisme
(« Ni Kant, ni Nietzsche ») puisque, en quelque sorte, le
mouvement se prouve en marchant. Parmi les très intéressantes
notations que fournit l'ouvrage sur la genèse historique des
valeurs ultimes (y compris dans l'écriture de la Déclaration
universelle de 1948), les théologiens retiendront spécialement le
5e chap. sur l'âme (bien plus riche que
l'autoréflexivité du Soi) et sur le don (confèrant à la vie une
valeur transbiologique), où s'amorce la réflexion par laquelle les
chrétiens pourraient justifier que l'être humain n'est pas
« une ressource disponible ». L'ouvrage se lit assez
aisément car la traduction est belle. La bibliographie compte 24 p.
(surtout en anglais et en allemand). Index des noms cités. - X.
Dijon s.j.