Voici le dernier tome du Commentaire des Rois de Pierre
Divinacello, moine de Cava au XIIe s., souvent attribué à Grégoire
de Grand, dont il s'inspire manifestement par la manière et
l'interprétation (cf. NRT 112 [1990] 268; 116 [1994] 444). Ce tome
couvre l'histoire de Saül, sa faute et son rejet par Dieu, puis
l'épisode de l'onction royale du jeune David. L'A. oppose les deux
figures en soulignant les conséquences du péché et le triomphe de
la grâce. L'orgueil et la fornication du roi donnent au
commentateur l'occasion de vitupérer contre les évêques ou les
moines ambitieux et adonnés à la luxure, tandis que David se montre
vrai berger du peuple, lui qui stigmatise le péché et exerce la
miséricorde envers le pécheur. Le prophète Samuel à son tour est
présenté comme l'évêque idéal et le parfait chef de communauté.
Comme saint Grégoire, l'A. montre que ces figures annoncent le
Christ, lequel guide vers le Royaume ses disciples actuels comme
ceux d'autrefois, en les investissant de son Esprit saint.
Le texte latin est présenté avec apparat critique, et en regard
vient la traduction française suivie d'un judicieux commentaire,
par A. de Voguë, moine de la Pierre-qui-vire, qui a édité plusieurs
volumes des Sources chrétiennes, et notamment La Règle de saint
Benoît (nos 181-186). Un beau travail d'édition scientifique qui
met en évidence le discours interprétatif des auteurs médiévaux:
sens moral ou tropologique (VI,1-61); sens spirituel ou allégorique
(VI,62-96); sens typique ou anagogique (VI,97-116).- J.R.