L'A. imagine une croisière pendant laquelle, à huit reprises, une
douzaine de passagers se livrent à une analyse rationnelle de
l'acte de foi. C'est un plaidoyer pour une philosophie de la
personne. La philosophia perennis, philosophie de la substance, se
révèle, en tant qu'ancilla theologiae, lacunaire. Présentant Dieu
comme un être clos sur lui-même dans son individualité solitaire et
méconnaissant la dimension relationnelle constitutive de la
personne humaine, elle rend les mystères de la Trinité et de
l'Incarnation inaccessibles, même en intelligibilité, à la raison
en sa forme grecque. Remplaçons-la par une philosophie qui accorde
aux conduites fiduciales (amicale, conjugale, filiale, théologale)
le statut rationnel qui leur sied, tant dans l'ordre de la
connaissance que dans celui de l'être: exister, c'est exister en
relation fiduciale. La foi est un mode de connaissance sui generis,
au même titre que les connaissances expérimentale et réflexive (qui
n'expriment pas la totalité de la rationalité humaine, et dont la
foi n'est pas le prolongement). La possibilité d'une révélation,
quelle qu'elle soit, suppose chez l'homme la capacité actuelle de
croire, une pulsion naturelle à croire. Tant la révélation que la
création (qui est elle-même un acte de révélation) supposent un
monothéisme interpersonnel. La structure ternaire de la famille est
la véritable image ontologique des relations trinitaires en Dieu.
Dans notre monde qui baigne dans un climat de paganisme
individualiste, la nouvelle évangélisation présentera une
révélation interpersonnelle et une éthique de communion…
L'intervention d'une passagère juive met en relief la
complémentarité du judaïsme et du christianisme: considérer
l'Église comme la nouvelle élue substituée à la première est une
erreur théologique et pastorale grave. La croisière se termine sans
que le passager musulman ait beaucoup contribué au débat. Exposés
limpides. Présentation dialogique originale. - P. Detienne sj