L'A., mère de famille, enseigne la théologie patristique à l'Univ.
d'Angers. Tombée tôt sous le charme d'Irénée de Lyon, devenu
compagnon de sa vie, elle s'en fait la propagandiste en nous
proposant une lecture familière d'extraits tirés de l'Adversus
haereses, qu'elle répartit en dix sections: Dieu, l'homme, le
salut, l'eucharistie, l'espérance eschatologique… Consciente de ce
que l'ouvrage peut avoir d'ardu, elle ne retient en première
lecture que des passages compréhensibles sans l'aide de notes
sub-paginales: v.g. le premier développement, en
théologie, du rôle salvifique de Marie. Certains textes sont
savoureux: Adam se couvre de feuilles rêches de figuier pour
réprimer l'ardeur pétulante de sa chair; les évangiles doivent être
au nombre de quatre, ni plus ni moins, à la manière des quatre
régions du monde, des quatre vents, des quatre alliances
testamentaires, des quatre Vivants (Ap 4,7). Relevons les paroles
apocalyptiques que Papias attribue au Seigneur et qui évoquent des
vignes aux 10.000 ceps de 10.000 branches de 10.000 bourgeons de
10.000 grappes de 10.000 grains, dont chaque grain donnera
vingt-cinq cuves de vin.
Un commentaire accompagne l'anthologie. Que nous apprend-il? Irénée
pensait naïvement que la simple exposition de l'hérésie (le
gnosticisme dualiste de Valentin) suffirait à sa réfutation.
Contrairement à la méthode déductive d'Alexandrie, Irénée, fort de
son contact avec son maître Polycarpe, disciple de l'Apôtre Jean,
part du témoignage et du récit des disciples: on comprend l'essence
de Dieu en fonction de son action. Le Verbe se serait incarné même
si le péché n'avait pas eu lieu. L'A. nous invite à approcher
l'Adversus haereses comme un maillon de la chaîne qui
relie les évangiles à la foi des chrétiens d'aujourd'hui. - P.
Detienne sj