On peut considérer, voire définir, la conversion comme une
réorientation de la confiance fondatrice. Qu'il s'agisse d'un
phénomène religieux ne doit pas faire oublier cependant que bien
des facteurs non religieux sont à l'oeuvre. L'étude sociologique
des conversions religieuses est relativement récente: il lui a
notamment fallu se dégager de l'impasse où l'enfermaient, dans les
années 1960-1970, la problématique de la violence psychique et du
«lavage de cerveau» dans le cadre de mouvements sectaires.
Aujourd'hui l'intérêt se porte en particulier sur des aspects liés
à la pluralité ou au pluralisme en matière religieuse:
relativisation de la vérité en même temps que besoin d'identités
fortes, sécularisation et retour du religieux, individualisation et
mobilité, liberté de croire ou de ne pas croire ou de changer
d'affiliation.Bien que la moitié environ des 13 contributions ici
rassemblées aient des auteurs italiens, les situations étudiées
sont fort diverses: Pays-Bas, France, Italie, Canada, U.S.A.,
Brésil, Inde… Parmi les thèmes abordés, signalons: l'extrême
mobilité de la population de villes nouvelles; les transformations
de certains pèlerinages: accentuation de la dimension subjective,
rapports avec le tourisme; aux antipodes de pastorales catholiques
fondées sur les théologies de la libération, les religions
afro-brésiliennes et les Églises pentecôtistes attirent de
nombreuses conversions motivées par une quête de sacré et
d'«enchantement»; s'engager dans le Nouvel Âge (ou simplement
passer d'un groupe à un autre) représente-t-il une démarche de
conversion ou plutôt une adhésion conçue comme provisoire? Il est
également question de Mormons, de la conversion collective d'un
bourg italien au christianisme orthodoxe, d'un institut
missionnaire catholique du Québec, du néo-hindouisme actuel
(hindutva) et du mouvement ultra-orthodoxe juif Habad comme
phénomènes de «retour».Dans leur diversité, ces monographies
permettent d'identifier quelques traits plus fréquents sans que se
dégage une véritable théorie d'ensemble. Au-delà du cercle des
sociologues, éducateurs et pasteurs trouveront profit à lire ces
descriptions, analyses et réflexions. - J. Scheuer sj