L'action des missionnaires d'antan n'est pas toujours appréciée
positivement par les historiens, comme si ces missionnaires avaient
presque purement et simplement anéanti, ou du moins gravement
abîmé, les civilisations rencontrées par eux. L'ouvrage de D.D.
présente l'indéniable qualité de montrer que les choses ne sont pas
si simples ni aussi sombres. Et pour présenter brièvement au mieux
sa démarche, il paraît utile de donner ici le titre des trois
grandes parties de son livre: «Terres françaises, terres de
mission», «Les Indes noires de l'intérieur», «Au Nouveau Monde, une
France nouvelle?». Voilà qui permet d'indiquer que certes les
missionnaires partis au loin rencontrèrent un «autre», bien
différent de ce qu'ils connaissaient sur le vieux continent, et qui
offrit, plus qu'on ne le croit généralement, des résistances
sérieuses, mais également que les entreprises d'outre-mer
s'inscrivaient dans un ensemble plus large, à savoir la diffusion
du Christianisme dans l'esprit du Concile de Trente. Une même
exigence fondamentale d'évangélisation s'imposait à eux de part et
d'autre de l'Atlantique, et des moyens presque identiques, y
compris les ressources humaines (collaboration de congrégations de
religieuses et de laïcs, hommes et femmes), étaient mis en oeuvre
en Europe comme au Nouveau Monde.
On entrera d'autant plus aisément dans l'exposé de l'A. que
celui-ci apporte quantité de témoignages de l'époque (mais on se
demande parfois ce qui a pu inciter l'A. au respect absolu de
l'orthographe du français de ce temps, y compris du «&» et de
certaines abréviations, qui malheureusement transforment, si l'on
peut dire, ce français du XVIIe siècle en une langue étrangère).
Signalons également parmi les Annexes, la «Sélection chronologique
des manuels de mission intéressant la France missionnaire» (p.
457s.). L'index en fin de volume se révèle d'autant plus précieux
qu'il ne comprend pas uniquement les noms de personnes, mais aussi
de nombreuses entrées thématiques. - B.J.