De l’homme divisé à l'homme divinisé. Dostoïevski, une anthropologie chrétienne

André Brombart
Spiritualiy - reviewer : Isabelle de la Garanderie

Comment aborder l’œuvre monumentale de Dostoïevski ? A fortiori, comment prétendre en dégager une anthropologie ? C’est pourtant à cette tâche que s’attelle André Brombart, assomptionniste et « amateur » du romancier russe dans le sens de « quelqu’un qui parle de ce qu’il aime, et qui est bien capable de le faire aimer » (préface, p. 6), saisi par la puissance spirituelle de l’œuvre. Ce n’est donc pas une somme universitaire sur le sujet qui nous est offerte ici mais bien plutôt un aperçu unifiant, né d’une fréquentation assidue de l’œuvre.

Chez Dostoïevski, le cœur de l’homme n’est jamais simpliste : tout est nuancé, tantôt tendu vers le bien, tantôt vers le mal et cette « complexité du cœur humain » est « un des ressorts essentiels de son œuvre romanesque » (p. 31). À partir de là, l’amateur éclairé tente de relier les attitudes des personnages de l’œuvre romanesque dans des postures de « doubles », de voir les réminiscences chez les personnages comme autant de « poupées russes » révélatrices d’une dimension plus profonde et enfin d’étudier la place des marginaux, que cela soit en creux par leur pauvreté ou en relief par leur innocence rayonnante, ainsi des figures d’enfants et des « cœurs purs ». Ces deux derniers types se reliant en ce que l’A. appelle des « enfants absolus », personnages lumineux, déjà tendus vers le Royaume de Dieu. C’est d’ailleurs ce dernier qui termine l’ouvrage, montrant l’orientation des personnages, malgré toutes leurs morts, vers la Résurrection.

À travers cet itinéraire, l’A. éclaire son titre, de l’homme divisé à l’homme divinisé et montre combien l’œuvre de Dostoïevski propose un chemin spirituel bien plus réaliste qu’une lecture trop superficielle refuserait à la magnificence de son œuvre, pouvant rejoindre nos existences marquées elles aussi par le mal. Les larges citations de l’œuvre sont savoureuses mais sont aussi choix subjectif, ne permettant pas des distinctions plus nuancées. Cependant, si on reçoit ce livre comme un partage amical, il accompagnera très heureusement une redécouverte du grand romancier qui sait décrire avec finesse la complexité de l’être humain. — I. Payen de La Garanderie o.v.

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