Der andere Islam. Kultur, Identität und Demokratie

Fethi Meskini
Religions - reviewer : Markus Kneer
En 2011, on a été surpris en Europe par la volonté du peuple tunisien de lutter pour la liberté et la démocratie. On a eu le sentiment que le côté nord de la Méditerranée pouvait apprendre beaucoup de ces gens qui s'engageaient pour « la révolution de la dignité », et pas seulement au niveau de l'engagement politique, mais aussi au niveau de la pensée. Par la suite, on a découvert la grande richesse de la réflexion philosophique qui accompagne jusqu'à aujourd'hui les développements en Tunisie. Fethi Meskini (1961-) prof. de philosophie à l'Univ. Al Manar à Tunis et connu comme traducteur de Kant, Nietzsche et Heidegger en langue arabe, fait partie de ces philosophes qui réfléchissent sur ce qui se passe dans leur pays. Le recueil présent, édité par Hans Jörg Sandkühler et Sarhan Dhouib, propose six articles de Fethi Meskini, précédés d'une courte introd. et d'une préf. Le livre est complété par une introd. du traducteur, le philosophe allemand Hans Jörg Sandkühler qui est en lien avec des philosophes tunisiens depuis de longues années.
La position de Meskini qui se reflète dans tous les articles prend une double distance vis-à-vis d'un universalisme imposé d'un côté et d'un particularisme culturaliste de l'autre. Toutefois, il utilise les concepts de la tradition théologique et juridique de l'Islam pour les déconstruire dans le nouveau contexte de l'âge moderne, mais sans cacher les problèmes. Le 1er article « L'humanité est-elle universelle ? » est un bon exemple : Meskini croise la pensée universelle grecque et la pensée personnelle non grecque pour déconstruire l'imaginaire transcendant de l'« au-delà » en y substituant un avenir immanent commun de l'humanité. Mais il reste le dernier monothéisme comme témoin de la transcendance et le laïcisme comme solution inapte pour gérer les questions religieuses. Le 2e article traite de la question suivante : comment intégrer des rapports religieux dans des systèmes juridiques non-religieux d'aujourd'hui en ouvrant une perspective plurielle et justifiante de la loi ? Les identités post-religieuses et la tolérance, à partir du concept de la dhimmitude (statut des minorités en pays de l'Islam), sont les sujets des 3e et 4e articles. L'A. prétend que le sujet qui n'est pas toléré aujourd'hui serait le musulman moderne. Le 5e article analyse le lien entre les deux principes de la modernité, à savoir la démocratie et la fraternité, dans un contexte musulman où la fraternité est primairement saisie comme concept théologico-politique. Enfin, le dernier article traite de l'identité de la révolution ; il a été écrit un an après les événements. L'A. y défend la thèse que c'était vraiment le peuple tunisien qui a fait la révolution, pas seulement une élite. Le mot arabe sha'b est l'indicateur de cette nouvelle qualité révolutionnaire : c'est plus une foule qui reflète l'individualité de chacun de ses membres qu'un peuple homogène et uniforme.
Meskini nous donne ainsi des esquisses philosophiques pour le vivre-ensemble tout en actualisant les différences et la pluralité culturelles. Un livre d'une actualité brûlante. - M. Kneer

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