L'intérêt de ce fort ouvrage réside certainement dans ses sources
de première main, souvent inédites. La restitution chronologique de
l'itinéraire oecuménique du célèbre dominicain est
minutieuse ; on y passe en revue, depuis le concile
Vatican ii jusqu'à sa mort en 2000 et au-delà, tous les
services que le théologien a pu rendre à l'Église, d'abord au
Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens, puis dans ses quatre
domaines d'attribution : le dialogue avec les anglicans (250
p.), l'engagement à « Foi et constitution » (150 p.), le
dialogue avec les Disciples du Christ (regroupement des Églises
protestantes qui tire ses origines des mouvements de réveil
religieux au début du xixe s. ; 100 p.)
et le dialogue avec les orthodoxes (120 p.). Ouvrage de référence
pour qui cherche une date, un thème, un développement, des acteurs
particuliers (via l'index), les impasses des discussions et leurs
lieux de franchissement, l'étude montre aussi, de synthèses en
reprises, la patience du voyageur infatigable (il a dû parcourir la
circonférence terrestre plusieurs fois !) à remettre sur le
métier les textes qu'il avait lui-même initiés. On apprend par
exemple, comparaison synoptique à l'appui, que la source du
document catholique-orthodoxe de Ravenne (2007), découverte dans
ses archives, date de deux décennies plus tôt. Mais Tillard fut
d'abord au dialogue anglican-catholique ce que dom E. Lanne était
au dialogue catholique-orthodoxe (cf p. 724, n. 21). L'A.
conclut : « Si l'on a pu dire que Vaticanii n'aurait
pas été ce qu'il a été sans Congar, nous osons affirmer que, sans
Tillard, les accords oecuméniques auxquels il participa n'auraient
pas été ce qu'ils ont été » (p. 734). La démonstration est
probante pour tous les sujets : la doctrine eucharistique, les
ministères, l'autorité apostolique, la confession de foi,
l'ecclésiologie, etc. se retrouvent dans le « dialogue de la
charité ». - N. Hausman s.c.m.