Dominicains ouvriers d'Hellemmes. Chronique d'un demi-siècle, préf. P. Blanquart

François Leprieur
History - reviewer : Hubert Jacobs
L'A. avait déjà publié Quand Rome condamne (1989) où il racontait la douloureuse histoire des prêtres-ouvriers dominicains. Il présente ici la communauté des prêcheurs implantés dès 1948 dans la banlieue ouvrière de Lille. «Tant de pages pour une poignée d'individus que l'on suit, pas à pas,…pendant soixante ans!», s'exclame dans la préf. P. Blanquart. Oui, mais il ne s'agissait pas moins pour eux que d'essayer d'articuler l'Église catholique romaine et le mouvement ouvrier qu'organisaient de façon dominante les communistes de la IIIe Internationale. Entre ces deux entités antagonistes, on trouve l'ordre dominicain, dont, souligne encore P. Blanquart, l'histoire fut «celle d'un permanent champ de bataille» où s'affrontèrent des hommes comme le grand inquisiteur Torquemada d'une part et le défenseur des Indiens d'Amérique, Bartolomé de Las Casas, d'autre part. À sa fondation, l'ordre de S. Dominique avait été clairement du côté de l'évangile fraternel contre la hiérarchie féodale. Il accompagna de sa manière de vivre et de sa prédication le mouvement communal. À l'époque de Lacordaire il recruta des vocations dans les milieux socialistes chrétiens. Comment, en ces années du xxe s., fallait-il combler le fossé entre l'Église et le monde ouvrier? La JOC se révélait insuffisante. L'idée de prêtres-ouvriers s'imposa alors. Mais en sortant du cadre de l'institution sacrée et pyramidale qui les avait contenus, ces prêtres libérèrent en eux «le fondement évangélique qui y était étouffé, voire détourné». En même temps, ils trouvaient chez ceux auxquels ils étaient envoyés une grande solidarité. Ils espéraient tirer de cette expérience - et certains théologiens dominicains le dirent nettement - une amélioration de la prédication et de l'enseignement ecclésiastiques. Mais l'Église ne put admettre leur conception du sacerdoce, et craignit de les voir contaminés par l'athéisme marxiste. Il fallut donc supprimer les prêtres-ouvriers. Une nouvelle étape s'ouvrit alors, où certains d'entre eux purent continuer leur mission avec la reconnaissance ecclésiale, mais en perdant ainsi leur signification tant pour l'institution que pour la société. La double fidélité à l'Église et au monde ouvrier fut dès lors vécue dans un déchirement que vint apaiser Vatican II. En effet, le Concile déclara légitime que des prêtres «travaillent manuellement et partagent la condition ouvrière». Mais les temps étaient profondément changés et on vécut dans l'Église de Jean-Paul II, qui les oublia. En même temps les dominicains plus jeunes se ralliaient à la restauration en cours… - H. Jacobs sj

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