Le nouveau commentaire que nous propose Antoon Schoors appartient à la coll. Historical Commentary on the Old Testament (hcot) lancée en 1993, d'orientation historico-critique. Accompagné d'une nouvelle trad., ce commentaire s'ouvre par une introd. qui aborde les questions classiques : le nom du livre et sa place dans le canon, l'auteur, la date et le langage du livre, la situation socio-politique, la structure du livre et le message. À la suite de nombreux auteurs, qui acceptent la thèse d'un livre unifié et non une collection désordonnée de proverbes et maximes, l'A. propose, dans la ligne de Zimmerli et Wrigt, une structure de Qohélet qui allie caractéristiques littéraires et progression thématique, et, en même temps, prend en considération les unités et les séquences du livre. La question de la structure, même si sa portée reste limitée pour l'histoire de l'interprétation, reste un point d'achoppement pour les spécialistes du livre.
L'A. se démarque d'une tendance qui a souvent vu en Qohélet un hédoniste, unsceptique ou un pessimiste. Il rejoint ainsi une ligne d'interprétation de Qohélet de plus en plus répandue, qui tente de faire justice à la pensée de l'auteur, en proposant une lecture plus optimiste du livre. Pour l'A., à la place d'une image défaitiste et pessimiste par rapport à la vie, Qohélet nous propose une réflexion sur le sens de l'existence, « nous aide à prendre au sérieux les problèmes de l'humanité » et « nous apprend à vivre avec les problèmes insolvables et insolubles » (p. 24).
Pour la présentation de chaque morceau de texte, l'A. propose successivement, une trad. critique, une bibliographie, une partie intitulée Essentials and perspectives qui fait le résumé de l'exégèse du passage dans un langage simple. Cette 1re partie se conclut par une brève histoire de l'interprétation du texte dans les traditions chrétienne et judaïque. La 2de partie, Scholarly exposition, aborde dans une perspective très philologique l'exégèse des mots, expressions, ou propositions composant un verset, un groupe de versets ou un court passage. Concrètement, ce commentaire procède in crescendo. Un large espace est consacré à l'exégèse des deux premiers versets du livre. La suite du commentaire se poursuit de la même manière, mais avec l'analyse de morceaux plus larges.
Ce qui singularise ce commentaire est l'importance accordée à l'analyse philologique détaillée des termes clés de chaque verset et la place accordée à l'intertextualité à l'intérieur du premier Testament. Le texte de Qohélet est difficile et plein d'aramaïsmes et il faut rendre compte de chaque mot, expression, dont le sens est discuté. L'A. dit d'ailleurs (préface), que ce commentaire s'appuie sur ses deux vol. précédents publiés en 1992 et 2004 sur le langage de Qohélet. Dans la ligne de la série à laquelle il appartient, ce commentaire ne manque pas de références sur le contexte historique permettant de clarifier la compréhension du texte. Chaque analyse prend en compte les études antérieures sur le passage, le verset, l'expression ou le mot.
La bibliographie de ce livre est remarquable. Elle balaie sur plusieurs siècles les plus importantes publications sur Qohélet depuis les rééditions des plus vieux commentaires patristiques et juifs, jusqu'aux articles les plus récents (2012). En plus, l'exégèse de chaque chap. est accompagnée d'une bibliographie complémentaire.
Ce commentaire, organisé en paragraphes en général raisonnables, est mesuré, critique. Les notes infra-paginales sont brèves, et les références bibliographiques sont insérées dans le texte, rendant ainsi la lecture aisée et fluide. L'A. va à l'essentiel, s'étend quand c'est nécessaire sur des questions disputées, et ne se perd pas dans une foule d'informations savantes, mais pas toujours utiles. Il manque à ce livre, aussi remarquable soit-il, un index des références bibliques, des auteurs, des concepts clés, etc.
Ce commentaire, brique de 856 pages, pourrait intéresser les spécialistes de la Bible, mais aussi les pasteurs qui cherchent une lumière sur un passage de l'Ecclésiaste. Mais pour s'y aventurer, en plus de maîtriser l'anglais, il faut une bonne connaissance de l'allemand à cause de l'insertion d'un grand nombre de citations dans cette langue. Nous pouvons considérer ce commentaire, le dernier sur le livre de Qohélet, comme l'un des plus aboutis, tant du point de vue historique que philologique. - C.-A. Folifack s.j.

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