Un recueil de trois conférences présentées par des Pères carmes au
colloque Edith Stein à Rome en 1998. La première, après avoir
évoqué les trois essais écrits par E. Stein sur Thérèse d'Avila,
esquisse une comparaison entre les autobiographies des deux
saintes. La deuxième étudie la relation d'E. Stein à son «saint
père Jean de la Croix» auquel elle a consacré son dernier ouvrage
La science de la croix. La troisième est consacrée au Problème de
l'Einfühlung, un texte publié par E. Stein en 1917, à l'âge de 27
ans, extrait de la thèse de doctorat qu'elle a entreprise à
Göttingen sous la direction de Husserl. L'Einfühlung, expérience de
la conscience d'autrui, diffère d'autres actes de connaissance qui
peuvent également avoir le vécu subjectif d'autrui comme objet: la
perception extérieure peut atteindre le visage douloureux de
l'autre, tandis que l'Einfühlung a la douleur elle-même comme
objet; par la sympathie (Mitfühlen), je peux participer à la joie
d'un camarade, tandis que par l'Einfühlung je saisis sa joie en
m'introduisant en elle. Il s'agit donc d'expérimenter ce que
l'autre vit dans sa conscience. J'y parviens par analogie: il
existe une correspondance essentielle entre mon être et l'être
d'autrui. Ceci n'est pas sans conséquence: par la perception
d'autrui s'épanouit en moi ce qui ne faisait que sommeiller. Reste
la question: puis-je entrer dans le mystère de Dieu par
l'Einfühlung? Il y a eu des êtres qui ont pensé expérimenter l'agir
de la grâce divine en eux dans une transformation complète de leur
personne… S'agit-il d'une expérience authentique? E. Stein
répondait alors: Non liquet… une réponse dont notre auteur,
Reinhard Körner, ne se satisfait pas. - P. Detienne sj