Église, religions et franc-maçonnerie

J.-J. Gabut
Theology - reviewer : Bernard Joassart s.j.
Très honnêtement, ce livre me laisse fortement perplexe. L'A. se présente d'entrée de jeu comme suit: «… je suis croyant, chrétien au sens le plus large du terme, judéo-chrétien par tout ce que nos origines spirituelles ont de commun, catholique au sens le plus 'universel' de ses racines grecques, me situant dans ce vaste courant oecuménique le plus authentique, dans le respect scrupuleux de toutes les croyances et de toutes les religions. Ma foi en Jésus-Christ n'exclut point que je révère l'Islam, le véritable islam - pas la caricature qu'en donnent hélas aujourd'hui certains imams dévoyés ou les 'sectaires' du djihad -, que j'admire la subtilité profonde du Panthéon hindou et que je suis profondément sensible à la compassion du Bouddha» (p. 17).
Reprenant, sources à l'appui, la longue histoire des rapports entre la Franc-Maçonnerie et les religions - principalement le catholicisme, l'A. rappelle les rapports difficiles entre elles, souvent faite de condamnations et d'hostilité agressive, et même «bête» à certaines époques, de part et d'autre. Affirmant nettement, tout au long de son ouvrage, que la Franc-Maçonnerie n'est pas une religion - encore moins une «secte» - qui n'a aucun «dogme», l'A. énonce sa thèse immédiatement après sa «confession» qui vient d'être énoncée: «La franc-maçonnerie, la vraie, accueille toutes les religions. Elle les vénère toutes, le franc-maçon choisissant, lui, celle qui lui convient en totale liberté» (p. 17). Selon lui, il n'y a donc aucune incompatibilité entre l'adhésion au catholicisme (et à d'autres formes religions) et celle à la franc-maçonnerie.
Indépendamment de la contradiction logique concernant l'absence de «dogme» - ceci est au moins une vérité «absolue» - d'autant plus étonnante que l'A. distingue la «vraie» franc-maçonnerie de «déviations» (pour faire court) imputables à certaines loges, et tout en reconnaissant que parmi les francs-maçons, il en est sans nul doute d'excellents et que les anathèmes réciproques font rarement avancer les choses, on ne peut que poser la question suivante: comment se fait-il qu'on refuse à un prêtre catholique d'assister au passage à la maîtrise d'un membre de sa famille? J'entends bien que chaque famille «spirituelle» ait ses «secrets»; mais tous les grands moments de la vie chrétienne sont par principe «publics». Pourquoi n'en va-t-il pas de même du côté franc-maçon? - B. Joassart sj

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