La parution de cette thèse convoque Bergson sur le devant de la
scène des rapports « philosophie-théologie ». La pensée
de Bergson focalisée sur « l'élan vital » dont il est
question explicitement dans L'Évolution
créatrice (1907) et Les deux sources de la
morale et de la religion (1932) devait, dans la logique
de sa recherche, conduire à cette filiation, pour le moins
anthropologique, entre ce qu'il étudie comme élan vital et le
développement de ce qu'il nomme « religion » dans sa
pointe mystique. La thèse bergsonienne reconnue se résume ainsi
(p. 270) : « Au terme [de cette étude] nous
établirons la mystique comme le lieu de l'universalité de la
présence de Dieu dans le monde ». Mais fondamentalement,
« peut-on parler d'un déplacement de sens dans la conception
bergsonienne de Dieu ? » On s'en souvient, celle-ci a été
à la source de mises à l'Index et de nombreuses questions issues
des milieux scolastiques vigilants, on ne peut pas le nier.
Pourtant, pour Bergson, la philosophie doit « faire appel à
d'autres formes de rationalité, telle que la mystique dont la
pensée devient alors une oeuvre philosophique… » (p. 82),
et ainsi, « la vie (et son élan vital) revêt un sens éthique
et religieux » (p. 83). On appréciera cette recherche qui
n'évacue pas les difficultés à penser la vie, le statut de la
présence, en elle, du « religieux » (est-il de l'ordre de
la Révélation ?), et celui-ci, encore, à la connaissance
« mystique » à laquelle le religieux est ouvert sans
qu'elle ne le soit comme déploiement immanent de « l'élan
vital ». L'A. le signale : « ainsi se pose la
question de la nature transcendante ou non du fait mystique dans le
bergsonisme ». Ne faut-il pas situer la pensée totale de cette
évolution de l'élan vital ? -
J. Burton s.j.