Emmanuel Mounier. L'actualité d'un témoin. Actes du colloque tenu à l'Unesco, t. 1
(éd.) Guy CoqPhilosophy - reviewer : Paul Detienne s.j.
Bernard Comte suit son évolution sous Vichy, depuis la reparution d'Esprit en novembre 1940 à Lyon, jusqu'à sa suppression en août 1941 et le passage de M. à la résistance. Devant la défaite, il n'a pas eu le réflexe gaullien du combattant. Sa stratégie de présence, dans l'espoir d'exercer une influence sur le pouvoir, était ambiguë. Ne risquait-elle pas de cautionner l'inacceptable? Il a sous-estimé la nocivité de Vichy. Ceci dit, son engagement pour une révolution personnaliste n'a impliqué aucun acte d'adhésion ou de soutien à la Révolution nationale de Pétain. Pierre Grémion se penche sur la période de l'après-guerre. Il évoque l'engagement de M. dans le neutralisme, contre la construction institutionnelle européenne, pour une réconciliation franco-allemande.
Il note que M. s'intéresse moins au marxisme qu'au mystère du communisme, porteur d'une part du Royaume de Dieu. Il conclut que, naïf en politique, il a été, en matière de communisme, un mauvais éducateur. Il lui reproche en outre son attitude condescendante à l'égard de démocrates chrétiens tels que Schumann et Maritain. Et il s'interroge: pourquoi n'a-t-il pas été plus sensible à l'analyse du phénomène communiste comme religion séculière? - P. Detienne sj