Et moi, je te dis : imagine ! L'art difficile de la prédication, préf. B. Cadoré
Gaetano Piccolo Nicolas SteevesLiturgy and pastoral care - reviewer : Jean-Paul Laurent s.j.
Or, curieusement, et c'est ce qui fait l'intérêt du livre, ce qui retient l'attention du lecteur est surtout une « spiritualité » de l'homélie. On y trouve de nombreuses informations sur les « ancêtres » de la prédication comme Jonas ou St Augustin. À commencer par Jésus lui-même. On y rencontre des affirmations sur l'objectif et les enjeux majeurs de l'homélie : « prêcher pour sauver aussi bien ses auditeurs que soi-même » (p. 82). Les A. parlent, à ce propos, de « l'urgence de la prédication ». Ils insistent sur l'importance de la préparation de l'homélie « par l'écoute de la Parole de Dieu dans la prière » et par l'attention accordée aux réalités vécues par les auditeurs : il s'agit de « s'intégrer dans un tissu relationnel avec eux et avec Dieu » (p. 94). Pour ce faire, l'ouvrage recommande fortement le recours à l'imagination. Il recourt, notamment, à des productions artistiques ou à des récits d'expériences concrètes en vue « d'aider les auditeurs à entrer dans l'intelligence spirituelle de la Parole de Dieu » (p. 169).
Le parcours proposé par le livre comporte de nombreuses recommandations pratiques qui peuvent sembler évidentes. Elles sont résumées dans une fiche d'autoévaluation proposée au prédicateur : déterminer un message central, trouver une « accroche », annoncer une structure du propos, expliquer les mots difficiles, n'être ni trop long, ni trop court…
On regrettera le manque de technicité de l'ouvrage qui, d'ailleurs, ne comporte aucune bibliographie.
Certes, les A. consacrent plusieurs pages à l'homélie comme évènement de communication et à l'utilité de faire appel à la rhétorique. Dans le premier cas, la communication n'y est pas traitée à la lumière des connaissances contemporaines. Nulle trace des travaux sur l'homélie comme genre de discours. Nulle référence à la linguistique de l'énonciation, p. ex. Sur le plan rhétorique, même constat : il eût cependant été utile d'aborder notamment des questions comme celles de la construction de l'image de soi, de la variété des structures argumentatives, de la composition textuelle persuasive.
Bref, le lecteur a affaire à un ouvrage qui traite de l'homélie sans être un traité d'homilétique. - J.-P. Laurent s.j.