Est-ce en lien avec l’année saint Joseph ou avec la problématique de l’absence du « père », le nombre de réflexions et de livres sur la paternité a vraiment explosé ces derniers mois. Nous retrouvons ici cette thématique abordée de manière brève et dans un genre littéraire un peu nouveau, suivant l’écriture des haïkus, soit des « poèmes d’origine japonaise dont l’art est de suggérer seulement. Ce sont comme les fioretti franciscaines, petites fleurs éclatantes de simplicité, belles par leur pauvreté » (p. 8). Martin Steffens a parsemé de haïkus ces cinquante textes sur la paternité. Citons-en un : « Au Supermarché. Non, je ne craquerai pas. Non, c’est non. Juste un paquet de chips » (p. 21). Et puis lisons les textes repris de manière litanique : être père, c’est comique, c’est s’abaisser, c’est être un homme, c’est être en retard, c’est perdre son temps, c’est reconnaître l’enfant, c’est une douce folie, c’est être déjà grand-père, etc. Ils sont originaux, vrais, réalistes, suggestifs et peuvent aider les hommes de bonne volonté dans leur statut de père. En tout cas, ils font souvent sourire comme s’ils touchaient juste…

Pour M. Steffens, qui est père de quatre enfants, si « l’art du père se formule en points de suspension et en points d’interrogation, sa puissance n’en est pas moins réelle ». Ses cinquante méditations attestent cette importance et cette flexibilité de l’action et du visage du père dans une famille. Nous ne sommes pas devant une réflexion métaphysique ou devant des argumentaires, mais devant de petites réflexions qui, l’air de rien, ont du contenu. Cette forme littéraire, un peu différente de celle d’autres de ses livres, est un bon essai qui dit ce qu’il veut dire : « un père, c’est d’abord quelqu’un qui n’est pas parti » (p. 66). Pour tout père, chaque fois qu’il rend service et qu’il intervient en continu ou en pointillé, il est témoin d’un « joyeux consentement à l’histoire d’amour dont cet enfant est né » (p. 28). Une lecture réaliste, pleine d’espérance. — A.Mt.