Dans la continuité de ses livres antérieurs, Pierre-Hervé Grosjean tente de réveiller la foi du lecteur et le fait ici dans un style plus méditatif. Il conjugue à la fois son expérience personnelle et pastorale et les données classiques de la foi qui est vue dans l’action. Il nous offre ainsi des repères pour la vie chrétienne en insistant sur « la foi comme amitié » (chap. 2) et « nos amitiés au service de la mission » (chap. 4). L’acte de la foi est bien mis en évidence comme carrefour de la vie des baptisés. N’est-ce pas la foi qui nous décentre de nos subjectivités ? N’est-ce pas la foi qui est à la racine de notre sequela Christi ?

« Le Christ ne nous demande pas d’être majoritaires, mais d’être fidèles à croire et de croire vraiment » (p. 137). Accueillir le donné de la foi, c’est assumer nos différences dans le monde tel qu’il est. « Demain, prêcher certaines vérités de notre foi même dans nos églises nous vaudra procès et polémiques, au nom des “valeurs de la République” » (p. 131). Il est bon de nous préparer et de rester humble dans ces combats : quelques belles pages (p. 41-58) nous mettent en piste et nous rapprochent de la vie intérieure de saint Pierre dans sa trahison et son amour passionné du Christ, son Maître et Seigneur : bel exemple de la « miséricorde au-delà du pardon ».

Le lien entre la terre et le ciel est fortement manifesté par l’explicitation de nos « combats » (chap. 7), et du « martyre qui vient » (chap. 8) : être prêt (chap. 1), c’est aussi être prêt à rejoindre le ciel et les circonstances dramatiques de notre monde, nous rendent proches de ces éventualités. Sur ce chemin, les « premiers de cordée » (chap. 6) sont ceux qui meurent trop vite et trop tôt. Les jeunes partis dans la souffrance, nous laissent souvent dans un désarroi, mais ils sont en fait ceux et celles qui nous tirent vers le ciel. Le prêtre est souvent témoin des éprouvés, et des petits : il est appelé à être un rempart contre toute désespérance en montrant l’amour du ciel qui nous attend tous.

Le chrétien moderne n’est pas dans une bulle protégée : plus profondément que dans la vie scoute, il doit être « prêt » (chap. 1) à rendre compte de sa foi hic et nunc. Au début du livre, le témoignage rendu à Romain, un ami soldat, mort au Mali, est fort beau. Par ailleurs nous trouvons, sous forme d’une conclusion implicite, les deux repères décisifs de la vie ordinaire : le respect et l’amitié filiale pour Marie qui est « l’étoile de nos vies » (chap. 9) et « la joie vraie » (chap. 10) qui surgit d’une union et d’une amitié de plus en plus profonde avec le Christ, notre Sauveur à tous. Il n’y a pas de saints tristes. La grâce nous invite à goûter et à partager une joie qui nous vient d’ailleurs mais qui trouve sa demeure dans nos vies. — A.M.

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