On connaît Henri Tisot, acteur dans de nombreux films, humoriste de
talent, auteur d'oeuvres diverses. Né le 1er juin 1937, il est
chrétien et ne s'en cache pas: il s'est plongé dans la Bible, puis
dans les sources juives et dans la tradition chrétienne, et il y a
trouvé une nourriture abondante et variée, pas toujours bien
assimilée. Témoin ce livre à la gloire de la femme, préfacé par
Brigitte Bardot qui a incarné le personnage d'Ève dans le film de
Vadim Et Dieu créa la femme. L'A. entend réhabiliter Ève à partir
d'une lecture correcte de Gn 2-3, et il parle de lui-même, Henri, à
la 3e personne et non en «je», comme pour prendre distance. Son
intention est de disculper la première femme de la faute dont on
l'a injustement accusée faute d'avoir lu le texte avec exactitude,
car Dieu n'a prononcé son interdiction qu'à Adam et pour lui. Ce
malentendu a précipité la femme dans le mépris jusqu'à ce jour!
Recourant tour à tour aux rabbins, aux Pères de l'Église, aux
Papes, et à toutes sortes de témoins rencontrés çà et là, il fait
la preuve de la lecture incorrecte de la Genèse pendant 3500
ans.
Beaucoup de notations intéressantes dans ses développements, même
si les arguments qu'il tire d'une érudition souvent indigeste pour
les lecteurs non avertis mêlent les plans et les perspectives.
Ainsi, s'emparant d'un mot de Benoît XVI aux JMJ de 2005 «Suivre
Jésus, c'est suivre le judaïsme», il repart dans une interprétation
des évangiles moyennant une argumentation enchevêtrée faite de bric
et de broc. Bref, un livre, certes bien intentionné, où l'A. jette
en vrac ses impressions et ses interprétations personnelles «pour
la bonne cause»: la reconnaissance respectueuse de la dignité de la
femme. Il conclut son ouvrage avec humour: «le mieux était de se
taire» (p.256). Il est vrai qu'après la lecture ou le survol de ces
pages un peu grandiloquentes, on a envie de silence! - J.R.