Frammento su Dio, éd. A. Aguti

Italo Mancini
Philosophy - reviewer : Léon Renwart s.j.
Le titre avait été choisi par Italo Mancini lui-même pour le recueil de ses travaux. Comme il le notait dans son diaire, «fragment au singulier (et non au pluriel) indique un discours structuré, mais incomplet», car on ne peut espérer tout dire de Dieu. Sa mort en 1993 l'empêcha de réaliser entièrement le plan qu'il s'était fixé. Andrea Aguti s'est donné pour tâche de publier son travail selon le plan prévu et dans son état d'achèvement, qu'il s'agisse de publications antérieures revues par M. ou de textes nouveaux prévus pour ce recueil.
En guise de dédicace, M. a placé l'article publié par lui en 1990 à la mémoire de Gustavo Bontadini: «Le primat de la métaphysique». Une première partie lui fait suite; elle comporte deux chapitres: «Le besoin de la raison» et «De profundis pour la dialectique» (paru en 1998). Une seconde partie, intitulée «Fragilité de la différence», réunit trois études: «Lukács: la différence qui n'est pas infinie» (1988), «L'image de Sais», inédit, sur Bloch, et «Le Dieu ultime», inédit, sur plusieurs philosophes dont Heidegger non heideggérien (sic), avec une réflexion sur un nouveau point de départ pour l'ontologie et la théologie. La troisième partie regroupe deux textes: «L'oxymoron théologique» (alliance de mots, d'allure paradoxale) et «Doxa. Force et faiblesse de Dieu». Elle a pour titre «Doubles pensées». M. voyait dans cette logique «anomale» (exceptionnelle, paradoxale), celle d'une coexistence contradictoire de points de vue divers en l'absence de prétention à un point de vue absolu, l'unique manière capable de correspondre adéquatement au statut paradoxal du christianisme. En guise de conclusion, l'éditeur a repris le texte: «Philosophie et prière».
Malgré son inachèvement, ce recueil met en lumière la personne de Mancini qui chercha, sa vie durant, à dire le Dieu qui se révèle et se cache et à en parler «en l'absence d'une vraie transcendance» (Graziano Ripanti, Préface, p. 8). Sauf erreur, ces mots font allusion à l'attitude de Mancini et des auteurs qu'il étudie envers La critique de la raison pure de Kant. Ils l'ont acceptée sans prendre conscience que Kant y avait «jeté le bébé avec l'eau du bain», selon l'expression anglaise. De l'analyse transcendantale des jugements humains, Kant avait conclu qu'ils sont incapables d'atteindre l'absolu. Reprenant cette même analyse, Joseph Maréchal, S.J. († 1944) montra que l'acte de juger requiert pour sa possibilité l'existence d'un Absolu positif non conceptualisable. Ceci établit à la fois la réalité irréfutable de ce «point de départ», les limites de tous les systèmes métaphysiques et l'utilité de les étudier de façon critique, ce que fit Mancini. Merci à Andrea Aguti pour son patient et minutieux travail et le beau texte qu'il a fait connaître. - L. Renwart, S.J.

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