Docteur en philosophie, actuellement professeur de mathématiques,
l'A. aborde d'une regard neuf l'oeuvre d'Hannah Arendt (1906-1975).
On sait que, juive, celle-ci prit très tôt conscience de la notion
de «différence» en raison du phénomène de l'antisémitisme. Qu'a
signifié pour elle cette notion ? quelle en a été l'opérativité ?
Ses travaux ont porté sur trois points essentiels: l'analyse
critique ds totalitarismes, l'approche du politique, la mise en
lumière des conditions de possibilité de cette approche. Ceux qui
ont étudié la pensée d'H.A. ont, tour à tour, privilégié l'un de
ces trois points. Mais, pour Ch.D., les oeuvres d'H.A. ne sont pas
indépendantes les unes des autres. Pour les comprendre, il s'impose
de les laisser s'éclairer réciproquement. La méthode utilisée dans
la critique des totalitarismes, les perspectives qui s'y déploient
conduisent Ch.D. à y voir à l'oeuvre «une mise à l'index de la
binarité». Ce rejet a fait place à une vision avant tout politique
qui remet en jeu ce que la binarité rejette: «les parties». Or les
parties participent de la pluralité. Il y toujours, entre l'un et
le tout, place pour un troisième élément. Si la philosophie décide
de demeurer enfermée dans la «dualité conflit-réconciliation», elle
se condamne à une approche erronée du politique. Il s'imposa donc à
H. A. de repenser autrement la philosophie. Non seulement sa pensée
cessa d'être binaire mais elle se mit à entretenir des rapports
privilégiés avec le chiffre trois. C'est dire que sa pensée devint
«trinitaire». Là où la pensée binaire reposait sur la causalité,
sur le dualisme, tout concept chez H.A. suppose l'existence d'un
«triplet». Avant toute interprétation, il s'agit donc de la
comprendre, d'être en possession des trois termes. Évidemment
repérer ces termes n'est pas toujours chose aisée. Mais cette
méthode trinitaire permet d'éclairer de façon neuve la pensée d'H.
A. et d'y appréhender plus précisément ses différents noeuds
problématiques. - H. Jacobs sj