En réunissant dans ce volume 24 études d’Henri Donneaud concernant principalement l’univers dominicain et thomiste, les responsables de la collection ont à coup sûr rendu un très grand service, tant aux théologiens qu’aux historiens qui s’intéressent à l’histoire de la théologie au xx^e s. Si H. Donneaud est avant tout un théologien de métier, il n’en a pas moins acquis et surtout mis en pratique les bons réflexes que tout bon historien se doit d’avoir : même les sujets les plus proprement théologiques ne sont jamais abordés par lui comme s’ils étaient désincarnés. D’autre part, sans pour autant négliger les sources d’archives, Donneaud privilégie souvent les sources imprimées. Nul ne s’en plaindra : bien souvent, la recherche de l’inédit, si important soit-il, amène parfois à ne plus considérer ce qui fut ce que j’appellerais volontiers le « produit fini » : un article de revue ou un livre peut, p. ex., avoir été précédé d’échanges épistolaires avant sa publication ; ceux-ci méritent attention, mais il y a parfois un risque de ne plus prêter attention à ce qui est sorti de la plume de l’auteur.

Que découvrir dans ce livre ? De manière un peu triviale, on serait porté à dire : un peu de tout. Les titres des quatre sections donneront un avant-goût aux lecteurs de notre revue :1) « Du renouveau thomiste à la crise moderniste » ; 2) « Autour du Saulchoir de Chenu » ; 3) « Questions disputées » ; 4) « Autour de Vatican ii : crise du thomisme, crise de la théologie ». Les liens entre tous les articles sont multiples : l’histoire des frères prêcheurs en France durant la période retenue ; la variété des approches du thomisme à l’intérieur de l’Ordre (un Garrigou-Lagrange n’est pas un Chenu) ; l’intérêt porté par des étrangers à l’Ordre à la doctrine de Thomas (d’Hulst, Gilson, Blondel, de Lubac, etc.), qui eux aussi ont pu avoir des compréhensions diverses du thomisme. On est évidemment amené, au bout du compte, à voir, une fois encore, l’importance du thomisme tant à l’intérieur de la vie de l’Église qu’en dehors de toute sphère ecclésiastique.

Mais l’intérêt majeur est sans doute, pour revenir à ce qui sous-tend les travaux ici réunis, leur double coloration théologique et historique. Ce qui ne peut que confirmer que sans histoire, on ne fait pas de bonne théologie. L’A. me permettra donc de rappeler ce qu’un ami du signataire de ces quelques lignes, le p. Bernard Montages, lui répétait souvent : l’étude de l’histoire est une diaconie. Autrement dit un service qui ne peut être que bénéfique pour une démarche théologique sérieuse. — B. Joassart s.j.