Jean-Jacques Olier (1608-1657), préf. R.D. Whiterup

Bernard Pitaud
Biographies - reviewer : Bernard Joassart s.j.

Lecteur, accroche-toi : l'ouvrage est dense, et certains passages te paraîtront peut-être un peu fastidieux à lire. Mais sois-en assuré : tu ne seras nullement déçu ! On serait presque tenté de dire que le héros du livre a trouvé un nouveau Bremond. Olier, c'est Saint-Sulpice, son séminaire et la compagnie chargée de la formation des prêtres. Ce n'est pas faux. Mais c'est trop court. Monsieur Olier fut bien plus que cela. Engagé dans la voie cléricale par son père sans pour autant en avoir d'emblée strictement la vocation - l'usage était alors fréquent -, il finit tôt par transformer ce « plan de carrière » en une véritable vocation qui le conduisit au sacerdoce, mais non à l'épiscopat comme on le pressentit à certains moments. Et si la formation des prêtres finit par devenir sa principale raison d'être, il ne faut pas oublier qu'il fut prêtre pour tous, en exerçant toutes les tâches que peut accomplir celui qui a reçu le sacerdoce : prédications, confessions, souci des pauvres, etc. Il fut aussi un mystique : sans doute était-il d'un tempérament un peu torturé, un peu scrupuleux ; mais tout était pesé par lui, en particulier dans la prière ; si bien que des accents de ce qu'on appelle l'école française dominent chez lui, le lecteur un peu familier de la spiritualité jésuite reconnaîtra précisément dans sa manière d'orienter sa vie ce qu'il avait reçu durant ses humanités au collège jésuite de Lyon. Olier discernait.
Autre mérite de l'ouvrage : l'insertion de cette biographie dans toute l'histoire religieuse française du temps. Certes, les expressions de la foi et de la vie spirituelle peuvent nous dérouter. Mais n'est-ce pas vrai pour toutes les époques ? En définitive, un livre passionnant. Son public potentiel ? Les Sulpiciens les premiers à coup sûr, et dans leur sillage tous les formateurs de futurs prêtres. Mais, plus largement, tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, s'intéressent à ce siècle qui, à sa manière, fut « grand », y compris en fait de foi chrétienne, notamment grâce à des personnalités telles qu'Olier. - B. Joassart s.j.

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