Michel Fédou, auteur du très remarqué La Voie du Christ (3 vol., Cerf, 2006-2016), livre ici une histoire de la christologie qui, si elle présente une trame classique, met délibérément l’accent sur les périodes postérieures au NT et à l’Antiquité, avec ses controverses et déterminations conciliaires. Le long développement consacré au Moyen Âge permet de découvrir au fil des siècles un déploiement des questions christologiques qui ne se réduit pas à un avant/après Thomas d’Aquin, même si la magistrale synthèse de celui-ci est honorée ; on voit ainsi apparaître les belles christologies monastiques après une ample présentation des débats apparus aux viii^e-ix^e s. (l’intérêt de Jean Scot Érigène se trouvant ici rappelé), sans oublier les « nouveaux courants » des xiv^e-xv^e s. La partie consacrée à la période moderne, si elle s’attache aux xvi^e-xvii^e s. (les grands spirituels que sont Ignace, Thérèse, Jean de la Croix, Pierre de Bérulle ; les réformateurs protestants ; les querelles sur la grâce…), envisage largement l’impact en christologie du siècle des Lumières et de l’humanisme athée. Le xix^e s. n’est donc nullement oublié, d’autant moins que les deux grandes figures de Newman et Scheeben apparaissent elles aussi. Enfin, la période contemporaine bénéficie d’un long développement ; l’A. honore autant les grandes entreprises théologiques du xx^e s. devenues classiques, que les questionnements antécédents ou plus récents, qui le conduisent, en conclusion, à dessiner quelques traits d’une manière d’étudier la christologie au xxi^e s.

C’est donc un passionnant manuel qui est ici proposé, destiné autant aux étudiants à qui il fera découvrir des auteurs parfois oubliés des synthèses ou en situera d’autres dans leurs contextes respectifs, qu’aux lecteurs curieux, à qui la rédaction pleine de pédagogie rend accessibles les différents auteurs étudiés. — F. Odinet