Jésus selon Proudhon. La «messianose» et la naissance du christianisme
G. BessièreTheology - reviewer : Paul Detienne s.j.
Refusant d'être le Messie politique attendu, il s'est présenté comme un anti-Messie, qui n'a pas cherché à abroger le culte juif, mais à le réformer: son Père céleste, c'est la conscience. Après la destruction de Jérusalem qui ruine l'espérance messianique, ses disciples, sous la pression de l'opinion populaire, cherchent à prouver qu'il est le Christ. Ils arrangent les faits de manière à ce qu'ils correspondent à l'annonce du Messie dans l'Ancien Testament, ils font de Jésus un thaumaturge, le déclarent Messie, le déifient. C'est l'apothéose, alias messianose: «Il fallait que le Messie fût plus qu'une idée, plus qu'une doctrine; il fallait qu'il fût un homme». Notons que Proudhon a envisagé également un autre scénario: Jésus lui-même s'est laissé piéger, il a cédé à la tentation, il a flirté avec l'attente messianique en entretenant l'équivoque. Il a ainsi été l'acteur de sa messianose, spécialement après son ensevelissement… auquel il a survécu jusqu'en 56 ou 70. - P. Detienne sj