Le P. Michel de Goedt publiait, en 1992, un article pénétrant
sur une critique de la théologie de la substitution
(NRT 114, p. 237-250). Une trentaine d'autres
écrits - plus ou moins accessibles (7 sont même
inédits) - du même A., traitant de questions relatives au
judaïsme et à la relation que le christianisme entretient avec lui,
sont ici rassemblés. Ils constituent, au moment où nous venons de
fêter les 50 ans de la Déclaration Nostra Aetate, un
précieux dossier et un témoignage irremplaçable de la part d'un
acteur de premier plan de l'évolution récente des relations entre
chrétiens et juifs. Ces publications s'étalent, en effet, sur une
période courant de 1958 jusqu'à la mort de l'auteur (2009) et
représentent environ 3/4 de sa production sur le sujet. Parmi
beaucoup d'autres aspects qu'il vaudrait la peine de relever, la
moindre originalité de ce parcours n'est pas sa réflexion sur
la Shoah (chap. iv : « Autour de
la Shoah : le balbutiement d'une parole ») et sa prise de
position lucide et courageuse (en tant que religieux carme !)
sur « la douloureuse question du Carmel d'Auschwitz »
(chap. v). Comme le souligne Pierre Lenhardt dans son introd.,
il fallait cette familiarité avec le judaïsme (M. de Goedt a
vécu à Jérusalem pendant 11 ans et a été curé de la paroisse
hébraophone de cette ville pendant 8 ans), cette amitié
profonde avec le peuple juif et aussi, sans doute, une extrême
sensibilité, pour oser une parole audible sur le sujet. Pour tout
cet investissement d'un demi-siècle, M. de Goedt a reçu, à
juste titre, en 2005 le prix de l'Amitié judéo-chrétienne de
France. Signalons enfin un dernier détail qui rehausse encore la
qualité de ce riche dossier : 3 index très complets
(table chronologique de toutes les publications de l'A., même
celles qui ne sont pas reprises dans le vol. ; index
biblique ; index des personnes citées) en facilitent la
lecture et l'utilisation. - D. Luciani