Un livre de haut intérêt concernant une approche originale de
l'Apocalypse de Jean. Il est l'oeuvre conjuguée du regretté Jean
Delorme († août 2005), qui initia ses travaux sur ce livre en 1998,
et de Soeur Isabelle Donegani, sa fidèle disciple et dévouée
collaboratrice, qui nous offre ici un commentaire d'une richesse
stimulante, écho de sa thèse remarquée sur Le témoignage selon
l'Apocalypse (Études bibliques N.S.36, Gabalda 1997). Sans doute ce
nouveau commentaire restera-t-il difficile pour beaucoup de
lecteurs potentiels, car il suppose une connaissance, voire une
pratique de la sémiotique ouverte sur l'analyse psychologique.
Cependant, grâce à l'encadrement fourni par Jean Calloud tout au
long du livre, le travail de lecture se trouvera grandement
facilité.En effet, de précieux repères établis par cet excellent
guide jalonnent les pages de ce commentaire précis et rigoureux
basé sur la signification à la fois profonde et plurielle des mots
du texte de Jean. Une lecture soutenue de cet ouvrage nous entraîne
progressivement dans une symphonie liturgique qui saisit toutes les
fibres de notre être, tandis que nos yeux contemplent les images
saisissantes du visionnaire. Car l'Apocalypse est une liturgie
d'espérance, dans laquelle les voix sont celles des prophètes de
l'Ancien Testament, et les danseurs, des anges et des bêtes mimant
tour à tour les événements cosmiques et les intentions des humains
face au trône divin entouré de l'humanité chantant les louanges de
l'Agneau immolé. Le travail minutieux de J. Delorme et d'I.
Donegani nous dévoile le sens profond des termes utilisés par Jean
et nous fait entrer ainsi dans l'univers figuratif du visionnaire:
messages aux églises, sceaux ouverts, trompes puissantes, la Femme
et l'Enfant, les coupes versées, la scène grandiose du jugement
universel, la descente de l'Épousée en la personne de la Jérusalem
d'en haut, jusqu'à toucher l'intime du lecteur. Le suspense
l'emporte jusqu'à la fin du livre, le laissant bouleversé et comme
ivre d'images analysées ainsi qu'on le fait d'un rêve. Alors la
postface du guide nous ressaisit pour une réflexion théorique sur
le «signifiant» de l'Apocalypse: le corps de l'humanité, tourmenté
et souffrant, aux prises avec ses passions et la violence de ses
pulsions, mais promis aussi à une vie filiale, eucharistique,
féconde, comme une nouvelle création. Aux lecteurs qui suivront la
démarche de ce livre, nous souhaitons d'agréables surprises qui
leur feront goûter de manière neuve et constructive ce dernier
texte de la Bible chrétienne. - J. Radermakers sj