L'Église, Corps du Christ II. Les relations entre les Églises

Jean-Claude Larchet
Œcumenism - reviewer : Gonzague de Longcamp c.s.j.
L'A. présente en deux tomes particulièrement denses une synthèse de sa vision de l'ecclésiologie orthodoxe. Dans un 1er temps, il s'attache à découvrir la nature de l'Église, à partir de son origine, ses qualités (une, sainte, catholique et apostolique) et sa tradition.
La réflexion que l'A. propose sur les notes de l'Église n'est pas sans intérêt, en particulier par l'intégration de la notion patristique d'Église comme fraternité. Il est cependant étonnant que l'unité de l'Église soit présentée de manière prépondérante à partir de la christologie et non de la théologie trinitaire.
Le développement consacré à l'unité de l'Église et à sa tradition a ceci de particulièrement pertinent qu'il s'appuie sur la tradition alexandrine - héritée de Clément et Origène - pour situer l'unité de l'Église et de sa tradition dans la transmission orthodoxe de la foi, plus que dans la dimension eucharistique de l'Église. L'unité de la foi étant manifestée dans la liturgie et incarnée dans la vie éthique de l'Église.
La seconde partie du 1er tome est, quant à elle, consacrée à la structure de l'Église et donc à la nature de l'épiscopat et du sacrement de l'ordre, avec une large insistance sur la synodalité et la collégialité.
Ce 1er tome présente ainsi une synthèse théologique et historique de grand intérêt. On regrettera d'abord que l'A. exprime ses positions essentiellement de manière négative et contribue ainsi assez peu à l'évolution d'une réflexion ecclésiologique. De plus, l'intr. de l'ouvrage fait l'effet d'une bombe lorsque l'A. y affirme que le terme ecclesia n'apparaît pas dans l'évangile. Il méconnaît ainsi tout à fait les affirmations du Christ en Mt 16 et Mt 18.
On en comprend en fait la raison dans le 2nd t. consacré aux relations entre les Églises. Le 1er chap. - qui représente un tiers du volume - est en effet consacré à la primauté de Rome. Le ton s'y fait largement plus polémique et si le dossier historique est largement étayé et revêt, par le fait même, un intérêt majeur, la compréhension occidentale de la primauté romaine y est tout à fait contestée. Il n'en demeure pas moins que les éléments avancés par l'A. obligent les catholiques romains à réfléchir à frais nouveaux sur l'exercice de la primauté romaine et sont en cela particulièrement intéressants.
Le ton polémique ne fait que s'accroître dans le dernier chap. consacré à l'oecuménisme. Selon l'A., la seule véritable Église subsiste dans l'Église orthodoxe et les différentes défaillances et évolutions doctrinales de l'Église catholique romaine sont là pour le prouver.
L'A. prétend souvent présenter l'ecclésiologie orthodoxe. Il est probable que son point de vue soit pourtant relativement partiel. Il s'oppose assez fréquemment à la théologie de J. Zizioulas, par ex. Toujours est-il que l'ouvrage fournit, à celui qui aura le courage de dépasser le ton polémique, des éléments historiques qui méritent d'être pris en compte et médités. - G. de Longcamp csj

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