L'engagement social des croyants: lignes de forces, expériences européenne, itinéraires alsaciens, éd. Chr. Sorrel

Col.
Morality and law - reviewer : Bruno Clarot s.j.
La doctrine sociale de l'Église se réveille après un long silence postconciliaire, écrit J.L. Hiebel. Faire le point est nécessaire pour en mesurer les enjeux actuels. La XIe Université d'été du Carrefour d'Histoire religieuse a choisi ce thème avec ERCAL pour situer l'Alsace en particulier. Dans un domaine si vaste, les dirigeants se sont limités aux trois pôles cités dans le titre. L'éditeur ne s'est pas risqué à tirer des conclusions d'études partielles. Nous l'imiterons en donnant une toute petite idée de la richesse de ces 23 rapports.
Dans Lignes de force de la doctrine sociale catholique, on dit un mot très bref sur le Moyen Âge et la préparation de Rerum novarum (1891) par l'engagement des laïcs au XIXe s. Dès 1893, le jeune G. Goyau refuse les «lois» de l'économie et une économie politique autonome qui réduisent l'homme à son aspect économique. En 1931, le Père Cavallera sj écrit un des premiers Précis de doctrine sociale catholique en soulignant que l'Église s'intéresse d'abord au côté humain et moral de l'économie sans favoriser une doctrine particulière. Bon nombre de médecins chrétiens ont aidé les pauvres et tenté comme Aujoulat, d'améliorer les réalités sociales. Infirmières et assistantes sociales ont créé des associations même internationales pour défendre leurs intérêts mais sans parvenir à s'unir. En 1975, l'Action catholique rompt avec l'épiscopat, on admet le pluralisme politique dans l'Église et M.D. Chenu op prône le pluralisme des options sociales catholiques. Après la crise profonde de 68, dès 1980 l'engagement social des chrétiens reprend mais en se diversifiant. L'Église peut aider la globalisation à devenir plus morale et à s'adapter aux différentes cultures. La justice sociale et l'éthique deviennent aussi des chemins d'unité entre Églises chrétiennes.
La seconde partie aborde quelques expériences sociales en Europe de l'Ouest. D'abord une vue générale du syndicalisme chrétien en Europe, puis le MOC belge (Mouvement Ouvrier Chrétien), l'expérience originale que fut Le Sillon de M. Sangnier au début du XXe s., un mot de «la Jeune Droite catholique» issue de l'Action Française, devenue ardente pétainiste et collaboratrice en 40. On a pu dire que le MRP fut un mouvement «féministe», à savoir plébiscité par les femmes en 1944 pour avoir obtenu le droit de vote des femmes, mais aussi enterré par elles pour avoir voulu maintenir la femme au foyer. En Allemagne, de 1848 à 1933 le Katholikentag réuni tous les 4 ans a favorisé une législation sociale remarquable mais prônait le corporatisme jusqu'en 1930. En Autriche, Mgr Seipel (†1932) entra dans le parti social-chrétien dont il accepta l'antisémitisme en respectant toutefois les personnes juives, puis finit pat prôner le corporatisme et même la dictature. Après 45, on note que les catholiques allemands majoritairement paysans acceptèrent facilement l'économie de marché.
La dernière partie pointe certaines réalisations en Alsace, où se tenait le Carrefour. Dans le bas-Rhin, les juifs créent deux orphelinats pour enfants juifs de familles pauvres. Prêtre fortuné, P. Müller-Simonis (†1931) utilise son argent pour fonder un journal et des oeuvres caritatives en collaboration avec l'Assitance Publique. Mgr J.J.Wéber (†1981) fait les deux guerres comme officier et réfléchit à la guerre et au rôle du prêtre dans l'armée. Le Frère Médard fonde deux mouvements pour étudiants et intellectuels chrétiens qui, dans le social et en politique, s'inspirent de Blondel surtout et de Sangnier, Maritain, Mounier. La JOC alsacienne crée dès 58 «Jeûne et charité» pour lutter contre la faim dans le monde. Une ultime conférence parle enfin du statut des laïcs dans l'Église depuis Vatican II.
Ces vues partielles de 23 auteurs peuvent fournir une impression globale et inspirer des créations nouvelles, adaptées à notre époque et aux différents milieux. - B. Clarot, S.J.

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