Premier ouvrage de la collection, cet important commentaire, préparé par les études préalables, a obtenu en 2006 le Grand prix de philosophie de l'Académie française, et a fait l'objet de deux tables rondes à Paris en mars 2007 et à Rome en mai. Il suppose un énorme labeur et des recherches persévérantes sur la composition de l'évangile lucanien: comment un auteur grec, d'Antioche peut-être, païen d'origine sans doute a-t-il pu à ce point maîtriser non seulement le style de la Bible grecque, mais encore les structures de la rhétorique sémitique? La question nous accompagne au fil de la lecture de l'ouvrage.
Sans utiliser d'autres commentaires, mais en s'inspirant parfois d'auteurs modernes, l'A. analyse tout l'évangile qu'il découpe en 28 séquences et 168 passages, divisés en parties, sous-parties, morceaux et segments, en s'aidant de tableaux suggestifs qui font ressortir les structures parallèles ou concentriques du texte. Après le prologue (Lc 1,1-4), il ramène le texte à quatre grandes sections: Lc 1,5-4,13; La venue du Christ préparée par les messagers du Seigneur - Lc 4,14-9,50; Jésus constitue la communauté des disciples en Galilée - Lc 9,51-21,38; Jésus conduit la communauté de ses disciples à Jérusalem - Lc 22,1-24,53; La Pâque du Christ annoncée par les Écritures d'Israël. Les sections se répondent comme en un miroir.
Le lecteur voit les séquences défiler, en même temps que se dévoile l'interprétation, avec plus ou moins de bonheur, car les parallélismes tantôt sautent aux yeux, tantôt se montrent discrets. En fait, le texte ne répond pas toujours au découpage de l'A. et l'interprétation s'éloigne parfois de la structure établie; un texte ne se plie pas toujours aux lois qu'on voudrait lui voir suivre. Chemin faisant, l'A. se réfère aux «sept lois de Lund», pionnier de la lecture rhétorique du NT; nous les trouvons au milieu du livre (p. 594). Il fallait s'y attendre, le centre d'un texte étant le signifiant majeur! La traduction originale de l'évangile de Luc s'avère précise et nuancée, découvrant des détails souvent omis par des versions plus coulantes et moins attentives aux répétitions ou aux aspérités du texte. Parfois l'explication déborde l'écrit de Luc; les références à l'AT sont soigneusement évoquées, mais certains rapprochements étonnent; des recours à la tradition synoptique sont intéressants, où l'on voit Luc déboîter parfois un parallélisme transmis et donner à certains mots un sens différent, car il n'est pas rabbin comme Matthieu!
Quoi qu'il en soit des imperfections mineures de l'oeuvre, ce commentaire fort personnel tient étonnamment la route, au bénéfice de la compréhension du texte; et c'est là l'essentiel. Remercions l'A. de sa persévérance et de l'immense travail fourni pour interpréter la totalité de l'évangile. Le message de l'évangéliste n'en apparaît que mieux. C'est un beau témoignage et un merveilleux outil qu'il lègue aux exégètes en herbe comme aux chevronnés. - J. Radermakers sj

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