C’est la senteur délicatement enivrante d’un voyage en Italie pour l’amateur d’art qui commence cet ouvrage poétique, quatrième de son auteur. Paul Guillon, professeur mais aussi conférencier en histoire de l’art, nous y conduit en connaisseur au regard sûr tout en laissant cependant l’ordinaire briser une admiration qui serait trop normée et convenue : la miniature d’un tableau se trouve ainsi parfois vivante, assise sur la plage d’à côté, et nous fait sourire du décalage engendré. Car c’est bien la vie qui est au cœur de cet ouvrage, en de nombreux événements ténus de la vie quotidienne, qui, travaillés à l’écrin poétique, se livrent en autant de gemmes lumineuses.

Les poèmes sont souvent brefs, jouxtant le style poétique des haïkus mais c’est que le silence a ici toute sa part, à côté du babil de ses enfants que le poète se plaît à peindre à son tour dans la seconde partie, du silence contemplatif des épisodes bibliques évoqués ou encore des bruits dissonants des machines. La dernière partie est empreinte de gravité mais c’est parce que la mort rôde et que la voix poétique semble s’amuïr pour finalement, paradoxalement, se retrouver. Derrière la légèreté apparente de ces textes transparaît ainsi une forme d’art poétique, ouvrageant l’ordinaire par l’intérieur pour ouvrir à la vie, et le texte et son lecteur. — I. Payen de la Garanderie o.v.