Le titre est beau. Pourtant, nous aurions
choisi : Histoire des libertés. Il n'y a qu'une
Histoire, conjointe à nos libertés. L'Histoire est celle,
mouvementée, de l'insondable « pré-dilection » d'un Amour
jamais repris, absolu, éternel, « avant la fondation du
monde » (Ep 1,4), livré, trinitaire et « en prise »
avec les libertés données en chaque destinée de la « chair
humaine (…) et pour la multitude ». L'auteure le
souligne : « Le christianisme pense cette tension vers
l'au-delà de la chair comme suscitée par l'acte créateur divin en
vue de l'accomplissement de l'Alliance entre Dieu et
l'humanité ». Quatre volets s'offrent comme charpente de cette
initiation « catéchétique » aux « jeux » de la
Grâce, pour la joie de Dieu même. 1) La grâce et ses médiations
(« grâce » à son Médiateur : le Christ, en qui
s'instaure le rapport entre la créature et son Créateur) ; 2)
l'existence chrétienne et ses vertus où il s'agit « de
reconnaître que l'on est toujours précédé » et que l'événement
du Salut ne dévoile le péché que parce que déjà il pardonne. La
suite du Christ se vit « comme inhabitation de l'Esprit en
nous » ; 3) « La chair est le gond du salut »
(Tertullien) car l'expérience du salut est envisagée comme présence
de la Kâbod, de la « Gloire de Dieu »,
l'expérience du « poids » de sa présence. La chair et
l'Histoire orientent notre rapport à l'universel enraciné dans le
souci de la personne et la singularité d'un visage ; 4) le
mystère chrétien exprime la vie trinitaire car en chaque histoire
singulière, dans l'accomplissement de soi, « grâce »
à l'orientation à l'Autre, s'effectue une réalisation de l'être
dans l'amour. « La grâce est donc toujours, en quelque sorte,
aux prises avec l'histoire et, dans cette aventure, la réception
croyante de la grâce libératrice du sujet le fait advenir à
lui-même, parce qu'elle l'arrache à l'autocentrement et relie le
sujet - sans le nier -, en le rendant à sa vérité qui est d'être à
l'image et à la ressemblance de sa création et de sa divinisation
au sein de la famille divine ». Ce parcours, imparfaitement
rendu ici, se présente dans son plan et ses développements comme
une initiation, articulée et savoureuse, à notre béatitude et à
celle de Dieu qui se livra à nous « autant qu'Il le
peut » (Ignace de Loyola, Ex. spi. 23), par
grâce. Un texte à travailler en groupe d'adultes en marchant
« à la suite de Jésus ». - J. Burton s.j.